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ALEXANDRE D'APHRODISE (fin IIe-déb. IIIe s.)

Philosophe péripatéticien grec, Alexandre d'Aphrodise, qui vécut sous le règne de Septime Sévère (193-211), commenta une très grande partie de l'œuvre d'Aristote. Plusieurs de ses commentaires sont perdus, notamment ceux qui concernent les Catégories, le Traité de l'interprétation, le deuxième livre des Premiers Analytiques, les Seconds Analytiques, la Physique, les traités Du ciel, De la génération, De l'âme. Ont été conservés les commentaires sur le premier livre des Premiers Analytiques, les Topiques, les Météorologiques, le traité De la sensation, la Métaphysique. Alexandre a rédigé lui-même de petits traités (De l'âme, Du destin et du pouvoir libre, Questions naturelles, Du mélange). Cette œuvre importante (édition critique dans Commentaria in Aristotelem graece, I à III, Berlin, 1883-1901, et Supplementum Aristotelicum, II, 1-2, Berlin, 1887-1892) n'a peut-être pas encore rencontré l'attention qu'elle méritait. Alexandre d'Aphrodise est le tenant d'une stricte orthodoxie aristotélicienne, consciente de son opposition fondamentale au platonisme. L'individuel est seul existant, l'âme humaine est le résultat du mélange des qualités corporelles, comme les propriétés résultent d'une combinaison chimique. Inséparable du corps, elle meurt donc avec lui. Par elle-même, l'âme ne possède qu'une pure possibilité d'exercer une activité de pensée. Son activité intellectuelle résulte de l'action de l'intellect divin transcendant, forme pure et sans matière, qui utilise l'âme comme un instrument. Cette doctrine peut justifier un mysticisme intellectualiste, comme l'a bien noté P. Merlan (Monopsychism, Mysticism, Metaconsciousness : Problems of the Soul in the Neoaristotelian and Neoplatonic Tradition, La Haye, 1963).

Traduit par les Arabes au ixe et au xe siècle, à la fois repris et contesté sur tel ou tel point par certains d'entre eux, tels al-Kindī (ixe s.) et Averroès (xiie s.), Alexandre d'Aphrodise a eu, à travers les versions faites alors en latin (surtout par Guillaume de Moerbeke) de ses œuvres et commentaires aristotéliciens, une certaine influence sur la pensée du Moyen Âge occidental, notamment au sujet de la nature de l'âme.

— Pierre HADOT

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