DUBČEK ALEXANDRE (1921-1992)
Le dirigeant communiste slovaque Alexander Dubček restera dans l'histoire comme l'homme symbole du Printemps de Prague en 1968, une des rares tentatives effectuées dans les démocraties populaires pour se démarquer de la rigueur du système soviétique. Tout en donnant des gages de fidélité à Moscou, il considère que le « socialisme à visage humain » est compatible avec l'orthodoxie et tolère une liberté d'expression sans précédent en pays communiste. L'intervention des troupes du pacte de Varsovie en août 1968 oblige Dubček à accepter la « normalisation ».
Une jeunesse de militant
Alexander Dubček naquit à Uhrovec, en Slovaquie, en 1921, quelques mois après le retour de ses parents des États-Unis. Dès 1925, la famille quitta de nouveau le pays pour aller « construire le socialisme » en U.R.S.S. Il fit ses études à Frounzé (l'actuelle Bichkek), en Asie centrale, puis commença à travailler à Gorki. En 1938, la famille rentra en Slovaquie, juste à la veille de la guerre et de la création d'un État slovaque proallemand. Le jeune Dubček entra dans la Résistance et participa en août 1944 à l'insurrection contre le régime fasciste de Mgr Tiso. Après la guerre, il commença une carrière d'apparatchik dans le Parti communiste. À ce titre, il fut envoyé en 1955 à l'École supérieure du parti, à Moscou, où il passa trois ans et établit des contacts encore plus étroits avec l'appareil international du Parti communiste d'Union soviétique (P.C.U.S.). Dans les années 1960, il se hissa à la direction du Parti communiste slovaque, qui devint un des éléments de contestation du régime rigide et centralisateur d'Antonín Novotný à Prague. Il succéda à ce dernier le 5 janvier 1968 grâce à une coalition des libéraux tchèques et des communistes slovaques. Inconnu alors du grand public, il devient en quelques semaines le dirigeant communiste le plus populaire en Europe du Centre-Est.
Par leur ambition, la reconnaissance du pluralisme indispensable à une société moderne avec une forte tradition démocratique, par leur révision du « rôle dirigeant » du parti, les réformes introduites sous la direction Dubček en 1968 représentent le stade le plus achevé du réformisme dans le bloc soviétique. Il n'y avait, dans ce qu'a dit Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du P.C.U.S., dans les années 1980, pas l'ombre d'une idée neuve ; tout cela a été dit – et mieux dit – par Dubček en 1968, à Prague.
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Écrit par
- Jacques RUPNIK : directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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