GROTHENDIECK ALEXANDRE (1928-2014)
Alexandre Grothendieck
IHES/ AFP
Figure de génie à la personnalité radicale, Alexandre Grothendieck a insufflé une nouvelle vision de la géométrie algébrique au cours du xxe siècle, et bouleversé la manière même de faire des mathématiques.
Un parcours hors norme
Alexander (qui deviendra Alexandre) Grothendieck est né le 28 mars 1928 à Berlin d'un père russe, mort déporté à Auschwitz en 1942, et d’une mère allemande. Venu en France comme réfugié à l’âge de treize ans, il choisira de rester apatride jusqu’en 1971 – année où il sera naturalisé français – par respect pour les convictions philosophiques de son père. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, le jeune homme est interné avec sa mère au camp de Rieucros, près de Mende, et étudie au lycée Chaptal de cette ville. Après l’occupation de la zone sud par l’Allemagne, il est caché au Chambon-sur-Lignon, où il étudie au collège Cévenol et y passe son baccalauréat. Il retrouve ensuite sa mère, vit près de Montpellier où il étudie les mathématiques.
L’année 1948 est celle de l’entrée de Grothendieck dans le cercle mathématique parisien, avec le soutien initial d’Henri Cartan. Il s’intègre dans le groupe Bourbaki – dont il se séparera au début des années 1970 : « Je me suis rendu compte que ce microcosme douillet et sympathique [Bourbaki] ne représentait qu’une petite portion du ”monde mathématique“ ». Professeur à l'Institut des hautes études scientifiques (IHES) de 1960 à 1969, il renonce ensuite aux recherches mathématiques pour se consacrer à la propagande en faveur du pacifisme, de la lutte contre la guerre au Vietnam, et plus tard de la conservation de l'environnement. C’est de cette époque que date sa distanciation progressive d’avec les institutions. En 1970, il créé le groupe Survivre et vivre, très marqué par les aspects pacifiques et écologiques de cette époque. Après un poste au Collège de France, où il transmet préférentiellement ses messages politiques et n’est pas reconduit, il devient, en 1973, professeur à l’université de Montpellier, puis il rejoint le CNRS en 1984, jusqu’à sa retraite en 1988. Son isolement personnel le conduira à une sorte d’écologie radicale. En 1990, il s’installe à Lasserre, en Ariège, où il vivra coupé de tous, presque en ermite. Il meurt à l’hôpital de Saint-Girons le 13 novembre 2014.
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Écrit par
- Jean DIEUDONNÉ : membre de l'Académie des sciences
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Média
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