ALEXANDRE III ALEXANDROVITCH (1845-1894) empereur de Russie (1881-1894)
Second fils d'Alexandre II, il ne devint héritier présomptif qu'à la mort de son frère, le grand-duc Nicolas, mort en 1865. Un an après, Alexandre épouse la princesse Dagmar de Danemark et prend part aux travaux du gouvernement de son père, dont il adopte alors les idées réformatrices. Au lendemain de l'assassinat de celui-ci, il va basculer dans le camp des conservateurs sous l'influence notamment de son ancien professeur, le juriste Konstantin Petrovitch Pobiedonostsev. Tandis que les ministres libéraux d'Alexandre préparent l'application de la réforme qui doit introduire en Russie le régime représentatif, Pobiedonostsev, Katkov et Stroganov font publier par le nouveau souverain un Manifeste (29 avr. 1881), qui est une véritable déclaration de guerre à toute réforme et qui provoque la démission de l'ancien cabinet. Malgré les efforts du nouveau ministère, l'Assemblée élue ne sera pas convoquée, et c'est Pobiedonostsev qui prend en main un pouvoir absolu. L'ordre social est consolidé, tout ce qui vient de l'étranger, en particulier d'Allemagne, est rejeté. La russification est à l'ordre du jour ; les pays dépendants (Pologne, Finlande, pays baltes) y sont soumis. Dagmar, devenue la grande-duchesse Marie, pousse à la fois à la politique anti-allemande et au rapprochement avec la France, déjà avancé sous le précédent règne. Bismarck se voit refuser la neutralité de la Russie en cas de nouveau conflit avec la France. Bismarck ayant répondu par des tarifs prohibitifs sur les produits russes, l'alliance franco-russe est scellée dans les dernières années du règne, entre 1891 et 1894, et l'épargne française est drainée par l'emprunt russe vers les nouveaux centres industriels du pays. Les Russes consolident également leurs positions en Asie et se tournent vers la Sibérie, qu'on s'efforce de coloniser. Dans le domaine religieux enfin, c'est une nouvelle mainmise de l'État sur l'Église orthodoxe, et l'enseignement primaire passe de la tutelle des zemstvos à celle des paroisses. Prince conservateur, Alexandre III a non seulement freiné le mouvement des réformes promu par son père mais il a encore opéré dans certains domaines un retour au passé. Néanmoins, il lègue à son successeur, Nicolas II, une nouvelle masse prolétarienne, fruit de l'essor industriel, qui sera le ferment des journées révolutionnaires de 1905, puis de la révolution de 1917.
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Écrit par
- Pierre KOVALEWSKY : docteur ès lettres, chargé de conférences à l'université de Paris-III, doyen de l'Institut Saint-Denis, Paris
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