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KOUPRINE ALEXANDRE IVANOVITCH (1870-1938)

Né dans un bourg de la province de Penza en 1870. Le père d'Alexandre, petit fonctionnaire, meurt un an plus tard, laissant sa famille dans la misère. Descendante d'une famille princière tartare, sa femme est hébergée à Moscou avec ses trois enfants dans une institution pour les veuves indigentes. Son fils est placé à six ans dans un orphelinat et connaîtra ensuite les internats du lycée militaire, puis de l'école militaire dont il sort à vingt ans, sous-lieutenant affecté dans une petite ville de garnison de Podolie. Cette rude éducation, si elle développa des qualités physiques peu communes, laissa de profondes blessures psychologiques et ne donna à Kouprine qu'une culture fort limitée.

Le jeune officier, grossier, buveur et coureur, fait cependant très tôt ses essais littéraires, avec des poèmes d'abord, dès l'âge de quinze ans, puis des récits assez maladroits : Le Dernier Début (Poslednij debut) est publié en 1889. Après une vaine tentative pour entrer à l'École de l'état-major, Kouprine démissionne de l'armée en 1894. Ses souvenirs militaires nourriront, tout au long de sa vie, certaines de ses œuvres les plus importantes : La Rupture (Na Perelome) en 1900, Le Duel (Poedinok) en 1905 et Les Élèves-officiers (Junkera), composé de 1928 à 1933.

Sans famille, sans demeure et sans argent, Kouprine connaît alors des années d'errance de ville en ville et de métier en métier (journaliste à tout faire, dentiste, artiste de cirque puis de théâtre, employé d'usine, régisseur de propriété). Prosateur réaliste, influencé par Tolstoï et Tchekhov, il s'affirme peu à peu grâce à de nombreux récits et nouvelles dans lesquels il décrit les différentes facettes de la vie russe, et en particulier la grande entreprise industrielle (Moloch, 1896).

Son attitude critique à l'égard de tous les pouvoirs l'amène naturellement, lorsqu'il s'installe à Saint-Pétersbourg en 1900, à s'intégrer au groupe d'écrivains progressistes réunis autour de Gorki dans la coopérative d'édition Le Savoir. Lié à Tchekhov, Gorki, Bounine, introduit dans les milieux littéraires, auteur à succès, il est apprécié pour son talent et pour sa sympathie à l'égard des idées révolutionnaires.

Mais si Kouprine décrit les petites gens, leur misère et leur oppression, c'est pour proclamer la dignité de la personne, sa révolte et son droit illimité à développer toutes ses aspirations, bonnes ou mauvaises. Cet individualisme anarchiste, qui s'accentue après l'échec de la révolution de 1905, entraîne la rupture avec Gorki. Cette période qui va de 1908 jusqu'à la Première Guerre mondiale est marquée par les difficultés personnelles : divorce, changements incessants de lieu de résidence, manque d'argent, affaiblissement et maladie dûs à la boisson, cependant que s'élabore, lentement et à grand peine, un roman ambitieux sur la prostitution, La Fosse aux filles (Jama).

Après l'enthousiasme suscité par la révolution de février 1917 (il collabore activement à La Libre Russie, journal des socialistes-révolutionnaires) et des velléités de collaboration avec le pouvoir soviétique, Kouprine émigre en 1919 et s'installe en France avec sa famille, où il vit pauvrement de 1920 à 1937. Ses œuvres reflètent plus ses souvenirs de Russie (Les Élèves-officiers) ou l'histoire de son pays que la réalité française (Jeannette). Gravement malade, il rentre en Union soviétique en 1937 pour y mourir un an plus tard.

— André RADIGUET

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, maître assistant à l'université des langues et lettres de Grenoble

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  • RUSSIE (Arts et culture) - La littérature

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    ...Vsevolod Garchine (Garšin, 1855-1888), Anton Tchekhov (Čehov, 1860-1904), Maxime Gorki (Gor'kij, 1868-1936), Ivan Bounine (Bunin, 1870-1953), Alexandre Kouprine (Kuprin, 1870-1938) et Léonide Andréïev (Andreev, 1871-1919). Porté à la perfection par Tchekhov qui peint les intellectuels moroses de sa génération...