- 1. Comment nous est connue l'histoire d'Alexandre
- 2. Une expédition panhellénique pour libérer les Grecs d'Asie
- 3. La guerre contre le Grand Roi : la première phase
- 4. La guerre contre le Grand Roi : la seconde phase
- 5. La conquête de l'Iran oriental
- 6. La « conquête de l'Inde »
- 7. Vers un empire enfin organisé
- 8. Un empire immense et fragile
- 9. Bibliographie
ALEXANDRE LE GRAND (356-323 av. J.-C.)
La guerre contre le Grand Roi : la seconde phase
Au printemps de 331, Alexandre remonta vers la Syrie. De son côté, Darius avait profité de l'hiver pour réunir à Babylone d'innombrables contingents venus de tout l'empire. Mais, si la cavalerie était nombreuse et de valeur, manquaient désormais les mercenaires grecs, décimés au cours des précédentes batailles ou perdus dans de vaines aventures. Les deux armées se rencontrèrent en Haute-Mésopotamie, près du village de Gaugamèles, non loin de la ville assyrienne d'Arbèles (Erbil). C'était une vaste plaine, propice aux évolutions des chars de guerre et des cavaliers. Si nous connaissons exactement le dispositif des armées en présence, les nuages de poussière qui s'élevèrent bientôt interdirent toute vue d'ensemble : nos sources se contredisent plus que jamais. Seule certitude, la cavalerie macédonienne emmenée par Alexandre contraignit Darius à la fuite, et son départ donna le signal d'un repli général, accompagné parfois d'une vigoureuse résistance. Ainsi, au début d'octobre 331, Alexandre se trouva maître de la Mésopotamie tandis que Darius se retirait en Médie.
Ses capitales tombèrent l'une après l'autre. D'abord Babylone, qui accueillit Alexandre en libérateur car de vieilles haines, surtout d'ordre religieux, remontèrent alors contre les Perses. Ce fut pourtant l'un d'eux, Mazaios, qui fut nommé satrape, premier signe d'un rapprochement avec l'aristocratie iranienne. Il en fut de même à Suse, où Aboulitès, qui avait livré la citadelle et ses trésors, conserva ses fonctions. En revanche, la Perside résista avec acharnement. Le satrape Ariobarzanès se fit en effet massacrer, avec 40 000 hommes, au défilé des « Portes persiques » (janvier 330). Irrité par cette résistance, Alexandre livra Persépolis au pillage puis incendia les célèbres palais peu avant de reprendre l'offensive contre Darius. C'était donc moins par vengeance que pour ruiner les derniers espoirs de l'Achéménide vaincu : le symbole par excellence de l'empire perse s'en allait en fumée.
De fait, en ce printemps 330, Darius n'était plus qu'un otage aux mains des grands féodaux des provinces orientales, qui finirent par l'assassiner, alors qu'Alexandre les poursuivait à marches forcées afin de s'emparer d'un symbole désormais inoffensif, qu'il comptait peut-être épargner, comme Cyrus l'avait fait autrefois avec Crésus. La mort du dernier des Achéménides plaça Alexandre devant un choix difficile. Ou bien il se contentait de ce qu'il avait conquis (ce qui aurait répondu à l'attente de ses conseillers et de ses soldats), ou bien il s'engageait dans des régions inconnues, de plus en plus éloignées de la Méditerranée, pour y continuer une guerre dont l'objet devenait de moins en moins clair. Le second avis prévalut, mais, pour le réaliser, Alexandre dut éliminer une opposition aristocratique conduite par le vieux général Parménion et son fils Philotas. Ces purges complexes, qui assombrirent l'automne de 330, marquent le tournant du règne. C'est que les rois des Perses, dont Alexandre s'affirmait le successeur, étaient environnés de symboles et d'une cour hiérarchisée : s'il voulait se conformer aux habitudes de ses nouveaux sujets, le roi des Macédoniens devait accepter l'apparat d'un cérémonial que ses compatriotes, d'ailleurs respectueux de leurs rois, jugeaient d'un exotisme déplaisant.
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Écrit par
- Paul GOUKOWSKY : correspondant de l'Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres), professeur de langue et littérature grecques à l'université de Nancy-II
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