- 1. Comment nous est connue l'histoire d'Alexandre
- 2. Une expédition panhellénique pour libérer les Grecs d'Asie
- 3. La guerre contre le Grand Roi : la première phase
- 4. La guerre contre le Grand Roi : la seconde phase
- 5. La conquête de l'Iran oriental
- 6. La « conquête de l'Inde »
- 7. Vers un empire enfin organisé
- 8. Un empire immense et fragile
- 9. Bibliographie
ALEXANDRE LE GRAND (356-323 av. J.-C.)
La « conquête de l'Inde »
L'été et l'automne 327 furent occupés à rassembler, au sud de l'Hindou-Kouch, une armée cosmopolite de 120 000 hommes, dont de nombreux marins venus d'Égypte et de Phénicie. Alexandre s'apprêtait en effet à « conquérir l'Inde », et cette expédition constitue encore un mystère. On en voit plusieurs raisons. Il est clair tout d'abord qu'Alexandre devait répondre à l'appel du prince de Taxila, menacé par son voisin Porus. Mais cela n'appelait pas de tels préparatifs. On admet aussi que le roi souhaitait resserrer les liens entre Occidentaux et Orientaux en les engageant dans une entreprise militaire commune. Mais cela pouvait se faire dans les limites de l'empire perse, où subsistaient de vastes zones insoumises. Il semblerait plutôt que, persuadé que l'Indus était la partie supérieure du cours du Nil, Alexandre s'imaginait ramener son armée en Égypte par le chemin le plus court et le plus facile. Toujours est-il qu'il se lançait dans des terres à peu près inconnues, où les Perses n'avaient jamais exercé qu'une autorité éphémère ou nominale.
Au printemps 326, tandis qu'Alexandre soumettait les vallées subhimalayennes où il s'imaginait suivre la trace du dieu grec Dionysos, Héphæstion préparait le franchissement de l'Indus. L'armée réunie fut ensuite hébergée par le roi de Taxila. Puis il fallut affronter Porus, retranché derrière le fleuve Hydaspe (Jhelum) avec ses chars et ses éléphants. Combattant pour la première fois ces pachydermes, les Macédoniens s'imaginèrent avoir accompli des exploits surhumains. La victoire, chèrement payée, n'apportait toutefois rien de positif. Avec l'espoir de consolider cette frontière, le vainqueur s'allia au vaincu. Alliance imprudente : Porus avait des ennemis à l'est du Penjab, et, pour l'aider, les Macédoniens firent mouvement jusqu'à l'Hyphase (Jhelum). Ils refusèrent d'aller plus loin, permettant ainsi à Alexandre de reculer sans perdre la face.
Revenue sur les bords de l'Hydaspe, équipée de neuf et renforcée, l'armée s'engagea sur ce qu'elle croyait être le chemin du retour (automne 326) : une flotte de 1 000 navires devait faciliter les déplacements. En fait, les difficultés s'accumulèrent, les indigènes, fanatisés par les Brahmanes, résistant farouchement : il fallut parfois les exterminer. Alexandre lui-même fut très gravement blessé et la nouvelle de sa mort ébranla son empire : les mercenaires grecs stationnés en Bactriane se révoltèrent, tandis qu'Harpale, laissé à Babylone comme vice-roi, jouait son propre jeu, imité par bien d'autres.
Une fois rétabli, certain désormais que l'Indus n'était pas le Nil, Alexandre fractionna son armée. Le gros des troupes, confié à Cratèros, son meilleur général, devait regagner l'Iran par Kandahar. Lui-même, avec la flotte (commandée par Néarque) et des troupes légères, descendrait jusqu'à l'embouchure de l'Indus puis remonterait la côte du golfe Persique : le rendez-vous était fixé en Carmanie (Kirman). Cratèros et Néarque accomplirent leur mission sans trop de difficulté. En revanche, faute de moyens adaptés, Alexandre perdit beaucoup d'hommes en traversant les déserts arides de la Gédrosie (Bélouchistan). Il parvint néanmoins à son but, à force de volonté (fin 325).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Paul GOUKOWSKY : correspondant de l'Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres), professeur de langue et littérature grecques à l'université de Nancy-II
Classification
Médias
Autres références
-
AFGHANISTAN
- Écrit par Daniel BALLAND , Gilles DORRONSORO , Encyclopædia Universalis , Mir Mohammad Sediq FARHANG , Pierre GENTELLE , Sayed Qassem RESHTIA , Olivier ROY et Francine TISSOT
- 37 316 mots
- 19 médias
Alexandre de Macédoine (356-323 av. J.-C.) envahit l'Afghanistan. Après avoir détruit les armées de Darius III, dernier des Achéménides, il entra en Afghanistan par Aria, à la poursuite de Bessus, satrape de Bactriane, qui s'était proclamé empereur et successeur légal de Darius. Le conquérant... -
ALEXANDRIE À L'ÉPOQUE HELLÉNISTIQUE - (repères chronologiques)
- Écrit par Bernard HOLTZMANN
- 123 mots
21 janvier — 331 Fondation d'Alexandrie d'Égypte par Alexandre le Grand.
Avant — 305 Transfert du corps d'Alexandre à Alexandrie.
Vers — 300 Institution du culte de Sarapis, nouvelle divinité gréco-égyptienne.
— 297-— 285 Construction, par Sôstratos de Cnide,...
-
ANTIPATROS ou ANTIPATER (400-319 av. J.-C.)
- Écrit par Paul GOUKOWSKY
- 863 mots
Type du « vieux serviteur fidèle », Antipatros fut sans doute celui sans qui la Macédoine n'aurait jamais accédé au rang de grande puissance, puis d'empire.
Né vers 400 avant J.-C., il fut en effet l'alter ego de Philippe II qui appréciait en lui peut-être moins le chef militaire que...
-
APELLE (IVe s. av. J.-C.)
- Écrit par Adrien GOETZ
- 2 450 mots
- 1 média
...pu servir de réserve de sujets. Apelle excellait dans tous les genres. Le premier des portraitistes officiels, il était le seul autorisé à représenter Alexandre et fit des portraits des grands personnages de l'époque hellénistique : Philippe de Macédoine, Antigonos le Borgne, qu'il plaça habilement de... - Afficher les 28 références