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MOSSOLOV ALEXANDRE VASSILIEVITCH (1900-1973)

Né à Kiev le 11 août 1900, Mossolov, dont le père était avocat et la mère cantatrice, passe sa jeunesse à Moscou ; il est fortement influencé par les idées prorévolutionnaires de son beau-père, le peintre Mikhaïl Leblanc, que sa mère avait épousé en secondes noces en 1905. Il travaille au secrétariat du parti bolchevique et n'hésite pas à s'engager dans le 1er régiment de cavalerie de Moscou (1918-1920) partant se battre contre les armées blanches. Lorsqu'il regagne Moscou, blessé, décoré par deux fois, il prend des leçons de piano auprès de Prokofiev et suit, au Conservatoire (1922-1925), les classes de Konstantin Igoumnov pour le piano, et de Nikolaï Miaskovski pour la composition. Il reçoit à Kiev les conseils de Reinhold Glière.

Entre 1924 et 1928, il écrit une trentaine d'ouvrages, à la fois d'avant-garde et de pionnier socialiste convaincu. De nombreux manuscrits semblent perdus, ainsi quatre des huit sonates pour piano recensées. Les Sonates no 4 op. 11 (achevée en 1927) et no 5 op. 12 (1929) suffisent à montrer l'originalité d'un talent faisant le lien entre l'héritage de Scriabine et le « pianisme motorique » du Prokofiev « parisien ». L'opus 11 est en un seul mouvement alternant constamment presto et lento, poétique dans laquelle le charme est remplacé par l'extatisme dissonant, le diabolique postlisztien par la violence. L'opus 12 demeure la sonate la plus impressionnante en ses quatre mouvements (allegro affanato, elegia, scherzo martiale et adagio languente e patetico), aussi excessifs et imprévisibles sur le plan de l'expression que témoins d'une science achevée de l’écriture. À cette époque, l’œuvre de chambre comprend : le Quatuor à cordes no 1 (créé au festival 1927 de la Société internationale pour la musique contemporaine, S.I.M.C., à Francfort-sur-le-Main) ; deux sonates, l'une pour violon et piano (1927), l'autre pour alto et piano (1928) ; un Trio pour violoncelle, clarinette et piano (1927) ; la Suite de danses pour trio avec piano (1928).

Mossolov s'impose avec la création de son Premier Concerto pour piano, à Leningrad, le 12 février 1928, partition moderne, volontairement antiromantique par ses références à Prokofiev et à Stravinski. Ses compositions militantes – les provocatrices Mélodies sur des annonces de journaux (au nombre de quatre) ; la Symphonie antireligieuse (1928, la première de six) ; deux opéras, Le Héros (créé à Baden-Baden, le 15 juillet 1928) et Le Barrage (créé à Leningrad, en 1929) – auraient dû lui assurer le soutien des autorités soviétiques, mais la mise à l'écart du commissaire à l’Éducation, Lounartcharski, la reprise en mains idéologique du secteur artistique par l'Association russe des musiciens prolétariens, puis par l'Union des compositeurs, provoquent en 1931 la dissolution de l'Association pour la musique contemporaine (A.M.C., créée en 1924), dont Mossolov était le représentant auprès de la S.I.M.C. Dès 1927, aux critiques très favorables d'Assafiev et de Belaïev répondent déjà, dans le magazine Musique et Révolution, les prémisses de sa condamnation : « Que peut signifier Tragédie de la solitude chez Mossolov si ce n'est l'incapacité de ce dernier à vivre dans la réalité et à s'intégrer à la communauté ? » Il doit sa célébrité à un mouvement symphonique de moins de quatre minutes, Zavod (Fonderies d'acier), inclus dans le ballet L'Acier (1926) ; usant d'un immense effectif orchestral, Zavod traduit la puissance mécanique des machines à l'aide de formules tournantes et répétitives, de grincements, de chocs massifs simulant le pilonnage de plaques de métal.

Sous la dictature de Staline, la vie de Mossolov devient difficile, malgré ses efforts pour l'élaboration d'une musique prolétarienne.[...]

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