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VIALATTE ALEXANDRE (1901-1971)

Né le 22 avril 1901 à Magnac-Laval (Haute-Vienne), chroniqueur à La Montagne, quotidien local auvergnat, Alexandre Vialatte a trop longtemps été considéré, au mieux comme un journaliste doué, au pire comme un écrivain régionaliste, dans tous les cas comme un dilettante de la littérature. Ceux qui le connaissent mieux savent que c'est à lui que revient le mérite d'avoir introduit Kafka en France en traduisant Le Procès (1933), Le Château (1938), L'Amérique (1946), ainsi que les nouvelles qui composent La Métamorphose (1938), La Colonie pénitentiaire (1948) et La Muraille de Chine (1950). Vialatte a traduit aussi Thomas Mann, Nietzsche et d'autres auteurs allemands. Cette activité au service d'autres écrivains a parfois fait oublier ses grandes qualités de romancier.

Battling le Ténébreux (1928) est, dans la lignée d'Alain-Fournier, un des grands romans sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Son sous-titre, La Mue périlleuse, en résume le thème : l'adolescence y est montrée comme un âge à la fois merveilleux – celui du rêve – et terrifiant ; les héros du roman, tous fragiles, quels que soient les masques dont ils s'affublent, se heurtent douloureusement et ne parviennent pas indemnes à l'âge d'homme. Magnifique hymne à l'amitié, écrit dans une langue dense et souple, Battling est un poème noir sur lequel plane l'ombre de la mort et du vieillissement. Le Fidèle Berger (1942) est un roman moins personnel. Vialatte y parle de son expérience de combattant en 1940. C'est avec Les Fruits du Congo (1951) que Vialatte atteindra une sorte de célébrité. Ce gros roman reprend, avec plus d'ampleur, les thèmes de Battling. La jeunesse y est l'âge durant lequel la réalité apparaît travestie par les délires de l'imaginaire. Vialatte y donne libre cours à son imagination, à son humour, souvent noir, et à une ironie qui n'est pas sans évoquer les romans de Maurice Fourré et les œuvres surréalistes. Ce nouvel hymne à l'adolescence est encore un livre sur la mort, profondément pessimiste. Les derniers chapitres rappellent L'Éducation sentimentale : on y ressent la même impression poignante de vieillissement et de solitude, mais ici la plainte est constamment déguisée en jeu, ce qui a fait dire de Vialatte, romancier de la mort et de la désillusion, qu'il était un romancier rose !

Vialatte a écrit plus d'un millier de chroniques (publiées dans La Montagne, Le Spectacle du monde, etc.) réunies depuis dans Dernières Nouvelles de l'homme (1978), Et c'est ainsi qu'Allah est grand (1979), L'éléphant est irréfutable (1980), Almanach des quatre saisons (1981). Toujours à la recherche du mot précis et de la pointe, le style est proche de celui de Giraudoux et de Morand. L'œuvre de Vialatte a fait l'admiration de Nimier et de Blondin : c'est dire dans quelle famille littéraire elle se situe.

Alexandre Vialatte meurt le 3 mai 1971 à Paris.

— Christophe MERCIER

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, agrégé de lettres modernes, éditeur

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