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CARREL ALEXIS (1873-1944)

Chirurgien, sociologue et biologiste, qui a reçu en 1912 le prix Nobel de physiologie et de chirurgie physiologique pour la mise au point d'une méthode de suture des vaisseaux sanguins et qui jeta les premières bases des études ultérieures sur la transplantation des vaisseaux sanguins et des organes.

Carrel fut reçu docteur en médecine (1900) à l'université de Lyon, où il commença ses recherches et resta comme prosecteur pendant deux ans. Il séjourna ensuite aux États-Unis, où il travailla d'abord à l'université de Chicago (1905) puis à l'Institut Rockefeller de recherche médicale à New York. Il fit des recherches sur la conservation des tissus à l'extérieur du corps et sur l'application de ce procédé à la chirurgie. Sa culture de tissu de cœur de poulet fut conservée vivante pendant plus de trente ans.

Pendant la Première Guerre mondiale, Carrel revint en France où il participa à la mise au point de la méthode Carrel-Dakin de traitement des blessures par des irrigations d'antiseptique. Il fit aussi étudier mathématiquement par Pierre Lecomte du Noüy la vitesse de cicatrisation des blessures ; cela permit à ce dernier de présenter dans Le Temps et la Vie, la conception d'un temps biologique propre à la substance vivante. Après 1919, il continua son travail à l'Institut Rockefeller jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle il fut chargé de mission par le ministère français de la Santé publique (1939-1940). En 1938, il avait publié, en collaboration avec Charles Lindbergh, un ouvrage intitulé La Culture des organes.

À partir des années 1930, Carrel s'engage dans des réflexions peudo-philosophiques dont la principale expression publique fut un livre à grand succès, L'Homme, cet inconnu (1935), exposé critique des erreurs de la société et des dangers qui la menacent, plaidoyer en faveur des solutions héroïques qui permettraient à l'humanité de survivre. Poursuivant ses analyses dans des pages publiées par Anne Carrel, après sa mort, sous le titre Réflexions sur la conduite de la vie (1950), Carrel considère la vie comme étant soumise à une triple loi : la « loi de conservation de la vie » (survie organique), la « loi de la propagation de la race » (reproduction génétique) et la « loi de l'ascension de l'esprit » (progrès du psychisme par l'évolution). Il souligne que, depuis la Renaissance, la science a progressé plus dans la connaissance de la matière inanimée que dans celle des êtres vivants, laquelle cependant, beaucoup plus que l'étude d'un monde mort, devrait donner à l'humanité les moyens et les normes de sa propre ascension. Ces vues scientistes et antidémocratiques, où se mêlaient exaltation mystique – Carrel se convertit au catholicisme après avoir assisté à Lourdes, en 1902, à ce qu’il tenait pour un miracle – et eugénisme raciste – dans la Préface allemande à L’Homme cet inconnu, il salue en 1936 les « mesures énergiques » prises par l’Allemagne nazie en ce domaine –, participaient de l’idéologie que le régime de Vichy impose à partir de juillet 1940. Membre du P.P.F., le parti fasciste puis collaborationniste de Jacques Doriot, Alexis Carrel se voit confier, en 1941, par le maréchal Pétain la création et la direction, à Paris, de la Fondation française pour l'étude des problèmes humains, au sein de laquelle il propagea ses idées sur l'eugénisme, la natalité, la biotypologie, le développement des différences individuelles (cet organisme fut remplacé à la Libération par l'Institut national des études démographiques, ou I.N.E.D.). Carrel voulait ainsi prolonger la science de l'homme par une « anthropotechnie », une «  biocratie » qui eût fait « pour l'homme ce que la technologie a fait pour les avions ». Il est suspendu de ses fonctions dès août 1944, sa fondation est dissoute, mais[...]

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