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TSIPRAS ALEXIS (1974- )

Pragmatique et combatif

Admirateur de Roosevelt et de Fidel Castro, le nouveau Premier ministre grec, qui est très pragmatique, s’efforce d’atténuer son image d’homme politique d’extrême gauche en renonçant à certaines de ses promesses électorales. C’est ainsi que, loin d’annuler la privatisation d’une partie du port du Pirée rachetée en 2008 par l’entreprise chinoise Cosco Group,il décide de débloquer le processus de participation des entreprises privées à l’acquisition du premier port de la Grèce (à hauteur de 51 %, alors que le gouvernement Samaras avait décidé que la privatisation serait de 67 %). Partisan d’une politique étrangère multidimensionnelle, il opère un spectaculaire rapprochement de la Grèce avec la Russie en dépit des mises en garde de Bruxelles et de Washington.

Alexis Tsipras apparaît au fil du temps comme un homme réaliste, qui accepte les concessions indispensables pour obtenir du FMI et de l’Eurogroupe les facilités financières permettant à la Grèce de se maintenir dans la zone euro. Toutefois, très combatif, il fait approuver par les Grecs, lors d’un référendum le 5 juillet 2015, le rejet des mesures d’austérité proposées par les créanciers d’Athènes, avec plus de 61 % des suffrages. Le plan de sauvetage de son pays d’un montant de 86 milliards d’euros sur trois ans qu’obtient finalement Alexis Tsipras, le 13 juillet 2015, est assorti de très dures conditions. L’apparente soumission du Premier ministre aux créanciers de la Grèce provoque le départ de plusieurs dizaines de députés de Syriza. Habile tacticien, Alexis Tsipras présente sa démission en août et annonce, à la surprise générale, des élections anticipées pour le 20 septembre 2015, à l’issue desquelles il retrouve une majorité de gouvernement.

« Nous allons changer profondément la façon de faire la politique », a déclaré Alexis Tsipras, à l’issue de son premier Conseil des ministres où les seuls qui portaient la cravate étaient les membres issus des Grecs indépendants. À l’évidence, la révolution des « sans-cravates » de Syrizaa provoqué un tsunami dans la politique grecque.

Cependant, le bilan économique mitigé de son gouvernement, marqué notamment par des mesures d’austérité très impopulaires, entraîne sa défaite aux élections législatives de juillet 2019. Après un revers lors des élections européennes de mai, Syriza est devancé largement par la Nouvelle Démocratie (conservateur) et Alexis Tsipras laisse son poste à Kyriakos Mitsotakis le 8 juillet 2019. Il redevient le chef de l’opposition, mais après la nouvelle défaite de son parti aux législatives de juin 2023, il quitte la direction de Syriza.

(Voir également GRÈCE, chronologie contemporaine)

— Jean CATSIAPIS

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • : docteur en droit, maître de conférences honoraire à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Média

Alexis Tsipras   - crédits : Simela Pantzartzi/ epa/ Corbis

Alexis Tsipras  

Autres références

  • GRÈCE - De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine

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    • 11 médias
    ...partis favorables au maintien de la Grèce dans la zone euro et résignés à accepter les sévères mesures d'économie imposées par l'Eurogroupe et le FMI Alexis Tsipras, chef de Syriza, dopé par son score (26,89 % des voix) aux législatives du 17 juin, mène quant à lui une opposition frontale au gouvernement...