SCHILLING ALFONS (1934-2013)
Né en 1934 à Bâle (Suisse), Alfons Schilling quitte sa ville natale en 1956 pour suivre les cours de l’Académie des arts appliqués de Vienne (Autriche). Avec Günter Brus, il s’impose rapidement comme l’un des pionniers de l’actionnisme viennois, la principale contribution autrichienne à l’élargissement de la notion d’art au cours des années 1960. Dans un climat politique et culturel restrictif, plusieurs artistes prennent position contre l’ordre incarné par la société. Ils cherchent à dépasser l’illusionnisme qui caractérise le tableau de chevalet au profit d’un travail direct avec le corps.
Alfons Schilling se détache rapidement du groupe par son désir de dématérialiser l’objet pictural et de le transformer en machine de vision ou en catalyseur de l'image.
L’expérience du temps et du mouvement
À la fin des années 1950, inspiré par la dynamique de l’expressionnisme abstrait de la New York School, Alfons Schilling commence, avec Günter Brus, à projeter violemment de la peinture sur de grands papiers fixés au mur.
Animé par le désir d’intégrer l’expérience du mouvement à l’œuvre, Alfons Schilling met au point une installation rotative qui permet d’exécuter des peintures sur une plaque tournante d’environ deux mètres de diamètre atteignant jusqu’à 160 tours par minute. Elle est au cœur du film Cosmos Action Painting / Desperate Motion (1962) réalisé par son frère, Niklaus Schilling, qui se montre particulièrement enthousiaste devant cet appareil. Supposée transmettre le concept du mouvement et du temps dans l’espace et à travers son travail sur la relation entre le regard et l’image, l’œuvre permet de faire une expérience éphémère singulière et perd de sa valeur objectale.
En 1966, Schilling réalise un film documentaire sur une série de performances, 9 Evenings : Theatre and Engineering, mise en œuvre par des artistes en collaboration avec des ingénieurs des Bell Telephone Laboratories.
Il découvre l’image en relief (holographie, stéréoscopie, photographies lenticulaires) et commence l’exploration des phénomènes optiques à travers l’installation, la photographie et la peinture. L’œil et le corps du spectateur deviennent le point de mire de ses préoccupations ; afin d’être perçues, ses images nécessitent une vision dynamique obtenue par le déplacement du spectateur, ce qui le rapproche des explorations conduites par les tenants de l’art optique et cinétique.
Alfons Schilling poursuit ses recherches avec des dispositifs optiques tels que les vectographs, qui permettent de réaliser des images en relief stéréoscopique (Island dreidimensionalauf den Broadway projiziert, 1972) et des sténopés (Jenseits des menschlichen Auges, Mexico, 1981), dans lesquels la forme du trou (sténopé) se répercute sur l’image. Il s’intéresse également à l’imagerie lenticulaire obtenue par la compression optique de différentes vues spatiales d’un même décor (Chicago, 1969).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christina TSCHECH : docteure en histoire de l'art, conférencière au Centre Georges-Pompidou, enseignante à l'université de Paris-Est-Marne-la-Vallée et à l'École supérieure des arts appliqués Duperré
Classification
Autres références
-
ACTIONNISME VIENNOIS
- Écrit par Matthias SCHÄFER
- 2 242 mots
Dès 1960, Günter Brus et Alfons Schilling abandonnent toute forme d'académisme dans leur art pour se consacrer à la « peinture d'action ». Ils posent la toile ou le papier sur le sol ou sur des murs et y appliquent, en plus de la peinture, des substances et objets divers qu'ils collent, cousent ou nouent....