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REYES ALFONSO (1889-1959)

Langage et littérature

Reyes confiait aux intellectuels le destin du continent nouveau : « C'est aux minorités directrices, aux prophètes, aux professeurs et aux écrivains qu'il revient d'orienter la volonté de l'Amérique vers une prise de position dans la culture. » Lui-même avait donné l'exemple par sa passion de créer, d'instruire et d'écrire. Qu'il s'agisse de poésie, d'érudition ou de réflexion, son œuvre tout entière est emportée par un souffle lyrique.

Spontanéité, sensibilité et clarté caractérisent les recueils de poésie marqués par l'esthétique moderniste : Pausa (1926) ; Cantata en la tumba de Federico García Lorca (1937) ; Les Herbes de Tarahumara (Yerbas de Tarahumara, 1934) ; La Vallée et le bois (La Vega y el soto, 1946). Toute la culture classique du poète se reflète aussi dans son interprétation dramatique d'Ifigenia cruel (1924).

Reyes lui-même fait état de son horreur de la spécialisation excessive, stérile et dangereuse ; son œuvre, d'une abondance impressionnante, aborde tous les genres et toutes les disciplines : l'histoire, la géographie, l'économie, la philologie, le roman, le conte, la traduction... Dans cet ensemble, une place à part doit être réservée à sa théorie de la littérature et du langage, magistralement exposée dans deux livres : La Experiencia literaria (1942) et El Deslinde. Prolegómenos a la teoría literaria (1944). Dans sa diversité, sa multiplicité, son classicisme et son universalisme, l'œuvre de Reyes ne renie jamais cet idéal qu'il proclamait un jour : « Je suis fidèle à un idéal éthique et esthétique à la fois composé de bien et de beauté. »

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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