FALLOUX ALFRED FRÉDÉRIC comte de (1811-1886)
Fils d'une famille de propriétaires d'Angers anoblie en 1825, Frédéric de Falloux s'introduit dans les salons littéraires et exprime ses idées théocratiques en écrivant une Histoire de Louis XVI, en 1840, et des articles dans la revue catholique Le Correspondant. Après avoir échoué en 1842, il est élu député légitimiste de Segré en Maine-et-Loire, en août 1846, et défend la cause de la liberté de l'enseignement. Rallié très vite à la République après la révolution de février 1848, il fait partie d'abord du Club républicain pour la liberté électorale (regroupant à la fois orléanistes et légitimistes) puis, après son élection à la Constituante, du comité de la rue de Poitiers (qui va donner naissance à ce que l'on appellera le parti de l'Ordre en 1849). Rapporteur de la Commission du travail, il présente, le 23 juin 1848, le décret de dissolution des Ateliers nationaux dont les ouvriers avaient reçu l'ordre de dispersion dès la veille, ce qui déclenche l'insurrection de juin. Bien qu'il ait été peu favorable à la candidature présidentielle de Louis Napoléon Bonaparte, celui-ci le nomme ministre de l'Instruction publique. Réélu à l'Assemblée législative (toujours dans le Maine-et-Loire), il reste ministre jusqu'au 31 octobre 1849 et prépare la loi sur la liberté d'enseignement qui fut votée sous le ministère de Parieu, son successeur, mais qui porte son nom ; cette loi favorise les influences locales et notamment celle du clergé sur l'enseignement et accorde une liberté d'enseignement secondaire profitant surtout aux congrégations religieuses. Une mauvaise entente avec le prince-président contraint Falloux à se démettre de ses fonctions. Au lendemain du coup d'État du 2 décembre 1851, il est arrêté ; libéré, abandonne désormais la politique active. Son élection à l'Académie française en 1856, en remplacement du comte Molé, comporte cependant une signification politique. Attaché surtout à la défense des idées religieuses (il écrit en 1856 Du parti catholique), catholique sincère, associé à l'influence de Mme Swetchine, une Russe convertie au catholicisme, à laquelle il consacre un livre en 1859, Madame Swetchine, sa vie et ses œuvres, il défendit la doctrine du Syllabus du pape Pie IX, opposé à tout libéralisme, au congrès de Malines dominé par les catholiques libéraux. Il a pris nettement position contre la politique de Napoléon III en Italie. Candidat des légitimistes, il est battu en 1866, en 1869, en 1870 et en 1871. Il refuse désormais toute candidature. Chef du parti catholique libéral et partisan d'une réconciliation entre les Orléans et les Bourbons, il est attaqué par le parti catholique des ultras, représenté par Louis Veuillot et l'évêque de Poitiers, Mgr Pie. Retiré de la vie politique active, il exerce cependant une influence sur une fraction des royalistes élus en 1871.
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Écrit par
- André Jean TUDESQ : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux
Classification
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