KROEBER ALFRED LOUIS (1876-1960)
« Avec la disparition d'Alfred Louis Kroeber, a dit Claude Lévi-Strauss en 1960, c'est vraiment l'Amérique du Nord d'avant Christophe Colomb qui meurt complètement. » Il était en effet le dernier des grands ethnologues américains à avoir connu des Indiens qui avaient été « sauvages » dans leur jeunesse.
Kroeber appartenait à la génération des premiers élèves de Franz Boas, le fondateur de l'anthropologie américaine ; il a joué, durant la première moitié de ce siècle, un rôle fondamental dans le développement de celle-là, et il en est le représentant le plus typique. Son œuvre considérable va de contributions à l'archéologie et à l'ethnographie de la Californie à des recherches sur la théorie des communications dans le monde humain et animal ; elle comporte aussi plusieurs livres importants sur la nature et le développement des cultures.
Une vie d'ethnologue
Kroeber, né à Hoboken (New Jersey) a consacré les soixante ans de sa vie scientifique à l'anthropologie. Il était étudiant à l'université de Columbia en 1896 lorsque Boas y fut nommé professeur. Ce dernier exerça sur lui une profonde influence et lui confia l'étude des Indiens Arapaho auxquels Kroeber consacra, en 1901, sa thèse de doctorat, l'une des premières en cette discipline. La même année, il fut nommé à l'université de Berkeley (Californie) où il resta toute sa vie. Il y fonda le département d'anthropologie, l'un des meilleurs du monde par la qualité et la quantité des recherches qui y sont menées sur l'ethnologie et l'archéologie de l'Amérique du Nord (voir la série des University of California Publications in American Archaeology and Ethnology). L'œuvre énorme de Kroeber, plus de cinq cents livres et articles, est constituée pour la plus grande part d'études empiriques de première main sur l'ethnographie, les langues et l'archéologie des Amériques. Mais ces recherches sont inséparables de ses œuvres plus théoriques (Configurations of Culture Growth, 1944, A Roster of Civilizations and Cultures, 1962) qui l'apparentent aux tentatives d'Oswald Spengler ou d'Arnold Toynbee, tout en constituant l'effort le plus large et le plus soutenu qui ait été fait pour donner à l'anthropologie le statut de science fondamentale. En 1952, Kroeber fut le principal animateur de la Conférence mondiale sur l'anthropologie, organisée par la fondation Wenner-Gren à New York.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Paul LATOUCHE : attaché de recherche au C.N.R.S.
Classification
Autres références
-
DIFFUSIONNISME
- Écrit par Roger BASTIDE
- 2 828 mots
- 2 médias
...de Wissler distingue diffusion spontanée, au hasard des contacts, et diffusion volontaire, sous l'effet de la conquête et de la contrainte ; celle de Kroeber distingue la diffusion par contact et emprunt et la diffusion par stimulation (le principe seul du trait diffusé est retenu, mais à partir de ce... -
MODE, sociologie
- Écrit par Philippe BESNARD et Olivier BURGELIN
- 5 691 mots
- 1 média
...En l'absence d'une tradition de recherche en ce domaine, on ne peut que se référer à deux études importantes relevant l'une de l'anthropologie (A. L. Kroeber et J. Richardson), l'autre de la sémiotique ou sémiologie (R. Barthes), et qui l'une et l'autre concernent la mode au sens de fashion.