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MICHELIN ALFRED (1883-1975)

Lorrain de cœur et de tempérament, Alfred Michelin, né à Wassu (Haute-Marne), a passé une bonne partie de sa jeunesse dans le sud-ouest de la France, où son père, qui appartenait à la fonction publique, avait été muté. Après ses études secondaires au lycée de Bordeaux, il entame ses études universitaires dans cette ville, et les poursuit à Paris, notamment à la Sorbonne. Licencié ès lettres, licencié en droit et diplômé d'histoire et de géographie, Alfred Michelin, catholique militant, fait une première expérience de journaliste avec un reportage à la paroisse parisienne du Gros-Caillou, lors des fameux « inventaires » prescrits par la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de l'État. Ayant sympathisé avec l'abbé Loutil, qui est déjà connu par ses romans et ses articles sous le nom de Pierre l'Ermite, il est introduit, en 1906, au journal La Croix, dans le service chargé de l'information religieuse. C'est l'époque où ce quotidien, qui lors de sa fondation reflétait un certain esprit d'ouverture, se trouve emporté par ses propres réactions contre les attitudes anticléricales du pouvoir. Quoique nouveau venu dans la maison, Michelin s'oppose à la tendance générale qui y règne à la suite de l'affaire Dreyfus et de la séparation. Il devient même, en France, un des authentiques représentants du catholicisme social, qu'il est alors encore difficile de promouvoir. Mobilisé dès le début de la guerre de 1914, le lieutenant Michelin, grièvement blessé, est donné comme mort. Il sera en réalité recueilli par les Allemands, maîtres du terrain, puis soigné et guéri en captivité. Au lendemain de la victoire, Michelin reprend son poste à La Croixet devient président de l'association des informateurs religieux. Il compte aussi alors parmi les dirigeants de la Confédération française des travailleurs chrétiens (C.F.T.C.). Ses tendances se traduisent, en 1928, par la publicité qu'il donne à l'enquête effectuée, près d'un siècle plus tôt, par Louis-René Villermé et publiée sous le nom de Tableau de l'état physique et moral des ouvriers dans les fabriques de coton, de laine et de soie (1840). La situation de Michelin reste, au sein de l'équipe du journal, celle d'un minoritaire jusqu'à l'arrivée du père Merklen, nommé en 1926 rédacteur en chef à la suite d'une intervention romaine, parce que La Croix a mal accepté la condamnation par Pie XI des doctrines et de l'organe de L'Action française.

Alfred Michelin devient ensuite administrateur du journal, ce qui lui vaudra la désagréable charge de présider aux destinées de l'entreprise pendant le repli de celle-ci à Limoges, sous l'occupation allemande. Il est souvent menacé d'emprisonnement, la publication étant devenue, en zone sud, un des pôles de la résistance spirituelle à l'hitlérisme.

Après la Libération, le quotidien reparaît difficilement et tardivement, ayant au préalable besoin d'obtenir, en raison de dispositions législatives arrêtées à Alger, un non-lieu pour sa conduite sous le gouvernement de Vichy. Alfred Michelin, nommé P-D.G. de sa centrale de presse, n'en réussit pas moins à donner beaucoup de temps à l'animation des Semaines sociales. Son rôle déborde parfois le cadre de telles activités, notamment lors des incidents politico-religieux qui affectent l'équilibre fragile de la IVe République. Ainsi, lorsque la loi Barangé-Marie va séparer, à propos du financement de l'enseignement primaire privé, socialistes et républicains populaires jusque-là unis, rendant ingouvernable le pays par ailleurs aux prises avec le conflit algérien, Robert Lecourt propose-t-il à Guy Mollet de rechercher avec lui une solution à la querelle, en particulier par la création d'une commission très secrète, où[...]

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