WEGENER ALFRED (1880-1930)
Alfred Wegener, né le 1er novembre 1880 à Berlin, est surtout connu pour avoir formulé en 1912 la théorie de la dérive des continents – hypothèse selon laquelle les continents se déplacent à la surface de la Terre en se regroupant ou en se déchirant, donnant ainsi une distribution des terres sans cesse en évolution au cours des temps géologiques –, qui fut vivement controversée jusque dans les années 1960. Ce fils d'un pasteur protestant, directeur d'orphelinat, fut d'abord astronome puis s'orienta vers la météorologie, discipline qui le conduisit à explorer le Groenland, où il trouva la mort au cours d'une expédition en 1930. Dans la lignée des grands savants du xviie et du xviiie siècle, Wegener s'est intéressé à toutes les disciplines contribuant à la compréhension de la Terre – climatologie, volcanisme, paléontologie, magnétisme, océanographie, glaciologie, etc. Il s'est ainsi donné une vision globale de l'évolution de la planète.
1912, la formulation de la « dérive des continents »
Wegener fait ses études au Köllnisches Gymnasium de Berlin, puis aux universités de Heidelberg, d'Innsbruck et de Berlin. En 1904, après un an d'astronomie à la société Urania à Berlin, il devient docteur en soutenant une thèse sur l'histoire et l'usage des tables Alphonsines. Ces dernières, achevées en 1252, sous le patronage du roi Alphonse X de Castille, avaient permis, pendant près de quatre cents ans, de calculer les positions relatives du Soleil, de la Lune et des cinq planètes connues à l'époque. La météorologie, qui émet alors ses premiers balbutiements scientifiques, passionne Wegener. Il fait d'abord un passage à l'Observatoire aéronautique de Prusse à Tegel et accomplit plusieurs voyages en ballon afin de caractériser les circulations atmosphériques ; c'est au cours de l'un d'eux qu'il bat, avec son frère Kurt, le record mondial de durée de vol en aérostat. En 1906, invité en qualité de météorologue officiel, il assouvit sa passion pour le Grand Nord en participant à une exploration du Groenland, conduite par le Danois Mylius-Erichsen et destinée principalement à cartographier la côte nord-est de cette terre polaire. Déjà Wegener remarque que les positions géodésiques de certains sites ne correspondent pas aux mesures effectuées auparavant et concordent pour dessiner une hypothèse annonciatrice d'une grande découverte : le Groenland semble s'être déplacé vers l'ouest.
De retour de cette mission en 1908, Alfred Wegener s'installe à Marburg (Allemagne), où il est chargé de cours à l'Université, puis devient maître de conférences à l'Institut des sciences physiques de cette même université. Après trois années d'enseignement, il publie La Thermodynamique de l'atmosphère, qui restera longtemps un classique pour les étudiants en météorologie. Le 6 janvier 1912, il présente une communication à la session annuelle de l'Union géologique, qui se tient à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) : Idées nouvelles sur la formation des grandes structures de la surface terrestre (continents et océans) sur des bases géophysiques. Wegener y suppose que les continents actuels étaient regroupés à une certaine époque en un bloc unique qui s'est ensuite fragmenté, les différents morceaux s'étant déplacés horizontalement, à la manière de radeaux, jusqu'à leur position actuelle, qui est elle-même provisoire. Cette hypothèse se heurta d'emblée à une farouche opposition de la part des géologues et des géophysiciens, d'abord parce qu'il paraissait incongru qu'un météorologue empiète sur leurs domaines de connaissances, ensuite parce que, à l'époque, il semblait inconcevable que des masses telles que les continents puissent se déplacer, même lentement au cours des temps géologiques. Pourtant, Wegener n'avait fait[...]
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Écrit par
- Yves GAUTIER
: docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection
La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015
Classification
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