ALGARDE ALESSANDRO ALGARDI dit (1595-1654)
Alessandro Algardi reçut sa formation dans l'académie fondée par les Carrache, et qu'animait alors le seul Ludovic. Il s'établit à Rome en 1625, sous la protection du cardinal Ludovisi, fréquentant familièrement le Dominiquin, son compatriote. Occupé d'abord à des travaux secondaires, comme la restauration des statues antiques de la collection Borghèse, il acquit lentement de la réputation. C'est d'abord à son talent de portraitiste qu'il semble devoir la faveur des notables. Le buste du cardinal Laudivio Zacchia (env. 1630, Staatliche Museen, Berlin) témoigne de son mérite dans ce genre : extrême habileté dans le rendu des étoffes, la texture comme le drapé, observation scrupuleuse des traits du visage ; en dépit d'une certaine froideur, un tel portrait est d'une admirable vérité. Les mêmes qualités se retrouvent dans une œuvre monumentale comme la statue en bronze du pape Innocent X (1645-1650, palais des Conservateurs, Rome), destinée à faire pendant à l'Urbain VIII de Bernin. La majesté due à l'ample bouillonnement des étoffes s'y allie à une rare subtilité dans l'art de caractériser la physionomie.
Algarde devait bien un tel hommage à ce pape qui, laissant Bernin dans une demi-disgrâce, lui avait donné la chance de s'établir à un niveau de réputation comparable. Innocent X lui commande (1645) le grand relief représentant la Rencontre de Léon le Grand et d'Attila (achevé en 1653, Saint-Pierre, Rome). Cette immense sculpture en marbre, qui forme tableau d'autel, est le chef-d'œuvre d'Algarde : composition puissante, qui allie sans peine l'équilibre et le mouvement, perfection dans le détail, avec un passage étonnant de science entre les fonds traités en relief à l'antique et les figures du premier plan, presque détachées en ronde bosse.
Algarde a souffert dans sa réputation d'avoir été et d'être encore sans cesse mis en balance avec Bernin. Il n'en avait certes pas le génie ; mais son œuvre représente une tendance toute différente et s'oppose à celle de Bernin en sculpture, comme celle de Maratta à l'œuvre de Bacciccia en peinture : rigueur du dessin et de la composition, fidélité aux modèles antiques ; c'est la tendance classicisante de la sculpture du xviie siècle italien qui trouve en Algarde son représentant.
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Écrit par
- Georges BRUNEL : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris
Classification
Médias
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