ALGER
L'Alger française
Après la période ottomane, l'arrivée des Français façonnera d'autres paysages de la ville. L'Alger française s'est faite au jour le jour, au hasard des besoins et des spéculations. Dès les premières années de leur présence, les Français redessinent la cité. Ils rasent, rebâtissent la ville basse et son front de mer selon un style néo-classique particulier, où les huisseries et les ferronneries bleues soulignent le blanc éclatant des façades. En 1950, la ville s'étend tout en longueur : constructions presque ininterrompues sur plus de seize kilomètres du nord au sud, de la pointe Pescade à Hussein Dey, et jusqu'à Maison-Carrée. Les constructions de l'époque française détonnent par leur grande diversité architecturale : au style colonial typique succède, à la fin du xixe siècle, un style de construction de type haussmannien. Quelques années plus tard, devant certaines revendications en faveur de l'architecture locale, les bâtiments prennent des allures orientales (style néo-mauresque), tels la Grande Poste (1910). Malgré cette hétérogénéité, Alger reste presque uniformément blanche, portant bien son surnom d'« Alger la blanche ».
Le centre de gravité de la ville est la place du Gouvernement alors dite place du Cheval, en raison de la présence de la statue équestre du duc d'Orléans, qui tournait le dos à la mer. Elle se nomme place des Martyrs depuis l'indépendance. Place populaire et animée, elle abrite notamment Djemaa El Djedid, reconnaissable à sa grande coupole ovoïde terminée en pointe et ses quatre coupolettes, qui fut bâtie en 1660, à l'époque de la régence turque, par les membres de la corporation des pêcheurs. Surnommée mosquée de la Pêcherie, elle donnera finalement son nom au quartier qui l'entoure.
Alger, pendant la Seconde Guerre mondiale, fut la capitale de la France libre, après l'arrivée du général de Gaulle qui y installe son gouvernement provisoire en 1943. Après la guerre, le centre de la ville se déplace progressivement vers la place du Forum, le lieu traditionnel de rassemblement des Européens partisans de l'Algérie française. C'est sur cette même place que le général de Gaulle lance, le 4 juin 1958, en direction des manifestants, le fameux « Je vous ai compris ». Elle reste aujourd'hui encore un des centres névralgiques d'Alger. Situé entre la place du Forum et le bord de mer, le square Port-Saïd (ex-square Bresson) constitue le cœur de la ville nouvelle.
Depuis le square, de larges avenues relient l'ancienne partie européenne de la ville à la partie musulmane, repoussée loin du centre sur les hauteurs. L'aménagement du front de mer, entrepris au milieu du xixe siècle, repose sur une immense structure formée de hauts piliers soutenant des voûtes en plein cintre, au-dessus desquels circulent les voitures sur le boulevard Zirout-Youcef. Une rampe se charge alors de relier les quais au boulevard sur un dénivelé de 15 mètres. En contrebas se trouve la grande gare d'Alger, d'où partent les trains pour Oran, Constantine et les autres villes du pays.
Le quartier le plus populaire d'Alger est Bab-el-Oued. Construit pendant la présence française, au nord-ouest de la Casbah, il abritait, avant l'indépendance, une population largement européenne composée de Français, d'Andalous, de Catalans, de Siciliens, de Napolitains et de Génois.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Benjamin STORA : professeur émérite des Universités
Classification
Médias
Autres références
-
ALGÉRIE
- Écrit par Charles-Robert AGERON , Encyclopædia Universalis , Sid-Ahmed SOUIAH , Benjamin STORA et Pierre VERMEREN
- 41 835 mots
- 25 médias
...Tell, qui a le poids démographique le plus important du pays avec 75 % de la population totale, a une densité moyenne de 188,5 habitants/km2. La wilaya d'Alger, qui rassemble près de 9 % de la population du pays sur 0,03 % du territoire, se distingue nettement avec une densité de près de 3 700 habitants/km... -
LA BATAILLE D'ALGER, film de Gillo Pontecorvo
- Écrit par Kristian FEIGELSON
- 1 018 mots
...novembre 1954, les différentes tendances du nationalisme algérien déclenchent une insurrection armée contre la France colonisatrice de l'Algérie depuis 1830. Elle touche deux ans plus tard la ville d'Alger avec une série d'attentats le 30 septembre dans des cafés fréquentés par les Français. Le film montre le... -
CORSAIRES
- Écrit par Jean MEYER
- 1 142 mots
...ou moins autonomes. Elle crée de véritables villes neuves, comme La Valette, reconstruite en 1565, Livourne, refondée par Cosme de Médicis, ou le grand Alger du xviie siècle, véritable ville « à l'américaine ». Cette définition s'applique tout aussi bien à Saint-Malo, Dunkerque, Flessingue... -
GUERRE D'ALGÉRIE
- Écrit par Benjamin STORA
- 6 112 mots
- 13 médias
Au début de l'année 1957 commence la terrible « bataille d'Alger ». Le 7 janvier, une ordonnance du préfet d'Alger confie au général Massu et à la 10e division parachutiste les pouvoirs de police sur la ville d'Alger. Les parachutistes du général Massu brisent la ... - Afficher les 9 références