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SWINBURNE ALGERNON CHARLES (1837-1909)

On a souvent et à juste titre comparé Swinburne à Shelley. Ces deux grands poètes lyriques anglais, dont les œuvres, comme deux portes monumentales, se dressent à l'entrée et à la sortie du xixe siècle, ont de nombreux points communs : même origine aristocratique, même constitution fragile, même passage à Eton, difficile et mortifiant, puis à Oxford où l'un et l'autre se jettent dans l'athéisme et l'anticonformisme, même sensibilité, enfin et surtout même exaltation intellectuelle étroitement unie à la puissance du verbe et à l'imagination poétique. Mais Shelley meurt à trente ans et reste jeune à jamais ; Swinburne devra attendre patiemment la mort jusqu'à soixante-treize ans, s'étant, pour vaincre ses démons, laissé emprisonner dans une villa à Putney de 1879 à 1909.

Le défenseur de l'esthétisme et du paganisme antique

Marqué par une lourde hérédité – son père, le futur amiral Charles Henry Swinburne, et sa mère, lady Jane, fille du comte d'Ashburnham, étaient cousins et leurs deux familles depuis longtemps alliées –, Algernon se sentit très vite et se voulut à part, dressé contre les siens et contre son siècle. Il fut un antivictorien, heurtant de front les idées, les mœurs et les préjugés qui triomphaient. Il rejette le christianisme, ennemi de la beauté sensuelle et de toutes les amours libres. Il se veut païen, comme dans la Grèce antique, et célèbre Aphrodite, Proserpine, Pan, Sappho et les jeunes éphèbes. Il est républicain parce qu'Athènes exalta la république, et il chante ses hymnes à la liberté face aux tyrans et aux rois. Son lyrisme chaleureux, son amour passionné de la mer lui valurent succès et renom, mais il ne put vaincre la réticence victorienne. Aujourd'hui, ses audaces ne sauraient choquer. Demeure la beauté de son chant.

Né à Londres, Swinburne connut une enfance épanouie dans l'île de Wight. À Ashburnham dans le Sussex, à Capheaton Hall dans le Northumberland, il passa des jours heureux chez ses grands-parents. Ce fut sir John Swinburne qui lui apprit à aimer la France et ses idées républicaines. Le front encadré de beaux cheveux roux, il était de petite stature, frêle et timide, surprenant ses interlocuteurs par le ton aigu de sa voix. Intelligent, passionné de lecture, doué d'une remarquable mémoire, il connut tous les succès scolaires ; dès onze ans, il écrit et publie des vers (Fraser's Magazine, 1848). Mais à Eton comme à Oxford il dut quitter l'école et le collège à cause de son excentricité, de ses opinions républicaines, de son athéisme proclamé comme de ses tendances homosexuelles qu'il ne cacha pas plus que son goût très vif pour l'œuvre du marquis de Sade et sa « divine » alliance du plaisir et de la douleur. Tout naturellement, il fut l'ami passionné des préraphaélites Rossetti, Morris, Burne-Jones. Élève, disciple, puis ami de Benjamin Jowett, éminent professeur de grec dont l'influence libérale et moderniste fut marquante en ce dernier tiers du siècle, Swinburne fut un remarquable helléniste et humaniste, sachant rendre en anglais l'esprit d'une satire latine ou la douloureuse grandeur d'une tragédie grecque. Installé à Londres dès 1861, il se lie avec le futur lord Houghton qui lui ouvre sa riche bibliothèque d'ouvrages érotiques et de science occulte. Il dit bien haut son admiration pour Baudelaire, Whitman, W. Landor, qu'il visite à Florence en 1864. C'est lui qui reprend pour le compte des écrivains anglais la théorie de l'art pour l'art, dont on sait qu'elle donnera naissance à l'école de Walter Pater et aux esthéticiens dont Oscar Wilde sera le maître triomphant, puis maudit. En 1865, il publie un incontestable chef-d'œuvre, Atalanta in Calydon, drame lyrique qui emprunte à un épisode de la mythologie grecque[...]

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  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature

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    ...curieux plafond, ou quelque délicieuse charmille. Ce fait se vérifie chez les meilleurs poètes de l'époque : Alfred Tennyson (1809-1892) et A. C.  Swinburne (1837-1909). Quant à Robert Browning (1812-1889), son « Dieu est dans le ciel, tout va bien dans le monde » coïncide trop avec l'opinion courante...
  • BLAKE WILLIAM (1757-1827)

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    • 5 465 mots
    • 6 médias
    ...grandes œuvres graphiques, et préservèrent le souvenir et l'héritage spirituel de leur maître. C'est à la génération suivante que la biographie de Blake par Gilchrist (1863) et l'étude enthousiaste deSwinburne (1868) parvinrent à susciter pour ce génie singulier un intérêt qui n'a cessé de croître.