RAFSANDJANI ALI AKBAR HACHEMI (1934-2017)
Président de la République islamique d’Iran de 1989 à 1997, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani naît le 15 février 1934 à Bahraman (province de Kerman) au sein d’une famille aisée de propriétaires terriens, et décède le 8 janvier 2017 à Téhéran.
Dès ses études religieuses, Rafsandjani milite dans l’opposition à la dictature pahlavi qui se met en place après le renversement de Mohammad Mosaddegh, en 1953. Il est à l’écoute des leaders radicaux, tels que Navvab Safavi (1924-1955). Il se situe à l’intersection de la revendication islamique et de la mobilisation nationaliste. Il joue aussi un rôle majeur dans l’organisation de l’aile persanophone de l’opposition cléricale au régime, qui fait contrepoids à son aile turcophone que domine l’ayatollah Seyyed Mohammad Kazem Shariatmadari. À ce titre, il contribue à l’ascension de l’ayatollah Rouhollah Khomeyni, dont il est un agent de liaison pendant son exil en Irak (1964-1978). Incarcéré à plusieurs reprises dans les années 1960 et 1970, il côtoie en prison les différentes sensibilités politiques, islamistes, nationalistes et marxisantes, qui portent la révolution en 1978-1979, et dont il incarne une forme de synthèse durant sa longue carrière politique.
Rafsandjani est l’un des organisateurs de l’accueil à Téhéran de l’ayatollah Khomeyni, à son retour d’exil, en février 1979. Il est un acteur discret, mais déterminant, de la transition entre l’ancien régime et le gouvernement provisoire de Mehdi Bazargan. Membre de la Société du clergé combattant dès sa création en 1977, il est l’un des cinq fondateurs du Parti de la République islamique, en 1979. Contrairement à Ali Khamenei, plus intellectuel, il s’est toujours engagé politiquement, et sa thèse consacrée au grand vizir réformateur du xixe siècle Amir Kabir montre qu’il s’est préoccupé de longue date des affaires de l’État. Ce qui ne l’a pas empêché d’être un homme d’affaires avisé, au point de posséder l’une des plus grosses fortunes du pays.
Rafsandjani devient l’une des principales chevilles ouvrières de la République islamique, dont il occupe tour à tour les grandes fonctions. Président du Parlement de 1980 à 1989, il représente simultanément l’imam Khomeyni au sein du Haut Conseil de la défense et, dans les faits, il exerce le commandement en chef des armées. À ce titre, durant la guerre Iran-Irak (1980-1988), il organise sans doute la riposte terroriste au soutien que la France accorde à l’Irak, mais n’hésite pas à négocier avec celle-ci la livraison secrète d’armes, tout comme avec Israël et les États-Unis. Partisan de la poursuite de la guerre après la reprise de Khorramchahr, en 1982, il impose la conclusion d’un cessez-le-feu en 1988 pour éviter l’effondrement militaire. Critique de l’orientation socialisante du gouvernement Moussavi (1981-1989), il ne l’appuie pas moins au nom de l’union sacrée contre l’ennemi.
Rafsandjani est un homme du « peuple du milieu », ce qui ne fait pas forcément de lui un modéré. Il « marche entre les deux lignes », celle de l’islam et celle de la nation. Avec l’appui de l’imam Khomeyni, il fait prévaloir la prééminence de l’État sur la religion et joue un rôle clé dans la création du Conseil du discernement, en 1987, organisme qu’il préside sans discontinuer jusqu’à sa mort et qui est le vrai lieu de l’arbitrage entre les institutions et de l’exercice collégial du pouvoir par l’élite républicaine.
À la mort de l’imam Khomeyni, il appuie la désignation d’Ali Khamenei comme nouveau Guide de la révolution plutôt que la constitution d’un collège de jurisconsultes. Devenu président de la République en 1989, réélu en 1993, Rafsandjani constitue un « gouvernement de travail » dévoué au redressement et à la reconstruction du pays, au-delà des clivages factionnels entre la gauche et la droite. Plutôt que[...]
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Écrit par
- Fariba ADELKHAH : chargée de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po
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