DAOUD KHAN ALI MOHAMMAD (1909-1978)
‘Alī Muḥammad Daūd khān (Daoud) est né à Kaboul. Il est le fils de Muḥammad Aziz khān, dont la famille fut exilée d'Afghanistan par l'émir ‘Abdbal-Rahmān à la fin du xixe siècle. Comme son cousin Muḥammad Zāhir shāh, il fréquente les lycées Habibia et Istiqlāl, entre à l'école des Cadets et va terminer ses études à Paris. Revenu dans son pays, en 1932, son oncle, Nādir shāh, le nomme gouverneur de la province de Kandahār. En 1933, son père et son oncle sont assassinés. Muḥammad Zāhir monte sur le trône. Hāshim khān, Premier ministre, choisit Daoud comme gouverneur et commandant militaire des provinces de l'Est. Trois ans plus tard, Daoud est commandant en chef des forces armées et supervise les écoles militaires afghanes. C'est pendant cette période qu'il prend conscience que la véritable unité de l'Afghanistan se fera avec l'armée, seule force capable de contrôler les tribus pashtounes peu soumises au gouvernement central. Lorsque éclate en 1945 une révolte dirigée contre le pouvoir des Moussahiban au profit du roi Amān Allāh (1919-1929), exilé en Italie, Daoud la réprime brutalement. Hāshim khān se retire en 1946, son frère Shāh Mahṃūd lui succède et Daoud est nommé ambassadeur à Paris. Il revient à Kaboul en 1950, pour occuper le poste de ministre de la Défense. Peu de temps avant de devenir Premier ministre le 20 septembre 1953, il fait un long voyage à Moscou, où il rencontre Molotov. Il obtiendra de l'U.R.S.S. des crédits d'équipements (routes, transports publics, silos à blé) qui permettront également de s'assurer les services de toute une gamme d'experts soviétiques.
Estimant que l'État doit également intervenir dans la vie économique, il s'emploie à en contrôler le secteur moderne livré jusqu'alors à la discrétion des milieux d'affaires ouzbeks ou tadjiks. Le premier plan quinquennal, qu'il lance en 1956, aurait été un véritable succès si sa réalisation n'avait été entravée par l'affaire du Pashtounistan, dont Daoud s'est fait le champion. L'U.R.S.S., qui soutient la politique expansionniste de son « petit voisin », auquel elle fournit du matériel militaire et dont elle forme les cadres de son armée, obtient en contrepartie le monopole de la prospection minière dans toutes les régions situées au nord de l'Hindou Kouch.
En 1959, Daoud décide d'autoriser les femmes afghanes à sortir dévoilées, réforme qui avait échoué trente ans plus tôt sous le règne d'Amān Allāh. Ce bouleversement des mœurs provoque des manifestations de la part de la population de Kandahār, déjà mécontente de l'impôt foncier. La répression sera sévère, comme le sera celle que subiront les tribus mangal des régions frontalières de l'Est, qui refusent le service militaire. Daoud modernise la police, n'hésitant pas, aux dires de ses ennemis, à semer des espions dans tout le pays. Si les milieux d'affaires et les intellectuels se montrent hostiles à son autorité, le soutien des populations des campagnes bénéficiaires d'un certain nombre de mesures (création de dispensaires, de silos, de voies carrossables, d'écoles primaires) lui est acquis. Ces mesures, il est vrai, concernent les plus favorisés, et la politique de rapprochement vers l'U.R.S.S. y est pour beaucoup. Parallèlement, toutefois, le prince Naym, partisan convaincu d'une politique étrangère non alignée, n'hésite pas à accepter les offres d'aide des puissances occidentales, soucieuses de contrebalancer l'influence des Soviétiques.
Mais, en 1960, l'affaire du Pashtounistan revient au premier plan : Daoud, qui cumule les fonctions de Premier ministre et de ministre de la Défense, masse ses troupes aux frontières et refuse le renouvellement des visas de résidence des Pakistanais ; les relations[...]
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Écrit par
- Jean-Charles BLANC : diplômé de l'École des langues orientales, journaliste
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