SAPRITCH ALICE (1916-1990)
Alice Sapritch avait le physique des « monstres sacrés » inclassables. Elle savait jouer les rôles les plus dramatiques comme se tourner elle-même en dérision, dans des films publicitaires ou au côté de Thierry Le Luron, qui la parodiait tout en l'adorant ! De son vrai nom Alice Sapric, née à Ortaköy, près d'Istanbul de parents arméniens, elle disait elle-même : « Sans doute en raison de mes origines, j'ai un sentiment très fort de la fatalité. Je fais partie des êtres qui naissent pour l'effort et nagent toute leur existence à contre-courant. Je n'ai jamais rien obtenu sans lutter d'arrache-pied. »
La jeune Alice quitte Istanbul à l'âge de treize ans. Après un passage à Bruxelles, elle arrive à Paris, avec, déjà, l'envie très forte de faire du théâtre : elle a en poche une lettre de recommandation pour Gaston Baty, alors directeur du théâtre du Montparnasse. Mais une réalité parisienne beaucoup plus dure, faite d'incertitudes constantes, liées à son statut d'étrangère, l'attend. La première chance date de 1941 : reçue au concours du Conservatoire (en même temps que Maria Casarès, autre immigrée qui deviendra également célèbre), Alice Sapritch est enfin à l'abri de toute menace d'expulsion.
La suite ne sera pas facile. Elle fait ses débuts d'actrice au cinéma en 1950. Mais il lui faudra attendre les années 1960 pour qu'elle se fasse un nom. Bien plus qu'au cinéma ou au théâtre, ce sera à la télévision, qui commence à entrer dans tous les foyers français, qu'Alice Sapritch va trouver ses grands rôles : la cousine Bette (1964), d'après le roman de Balzac, Folcoche dans Vipère au poing d'après Hervé Bazin (1971), Marie Besnard, « l'empoisonneuse de Loudun » (1986), Catherine de Médicis (1989), la nourrice Œnone dans une adaptation du Phèdre de Racine (1988).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Georges COHEN : journaliste
Classification