ALONSO ALICIA (1920-2019)
La danseuse et chorégraphe cubaine Alicia Alonso a marqué l’histoire du ballet classique du xxe siècle. Légende de son vivant, interprète hors du commun et à forte personnalité, elle a su faire du Ballet national de Cuba l’une des meilleures compagnies du monde et fonder « l’école cubaine » de danse classique.
De la comédie musicale à la danse classique
Née le 21 décembre 1920 à La Havane, Alicia Alonso (de son vrai nom Alicia Ernestina de la Caridad dei Cobre Martínez Hoyo) danse dès son plus jeune âge. Elle débute les cours de danse flamenco en Espagne, pays où son père – vétérinaire militaire – a été envoyé. Elle ne se tournera vers la danse classique qu’au retour dans sa ville natale en 1931, à l’école de danse créée par la société musicale Pro-Arte, avec Nikolai Yavorsky. En 1937, elle épouse Fernando Alonso et le suit aux États-Unis, dans l’espoir d’y faire carrière. Elle complète sa formation auprès d’éminents professeurs de la School of American Ballet dont Enrico Zanfretta, Alexandra Fedorova et Anatole Vilzak. Elle choisira toujours soigneusement des professeurs lui permettant d’évoluer artistiquement.
De façon surprenante, elle commence sa carrière dans les comédies musicales comme Great Lady(1938),chorégraphié par William Dollar, et, après la naissance de sa fille Laura, Stars in YourEyes(1939) du chorégraphe Carl Randall. En 1940, elle intègre l'American Ballet Caravan, dirigé par Lincoln Kirstein (futur directeur du New York City Ballet) avant d’être engagée en tant que soliste au Ballet Theatre (futur American Ballet Theatre) qui vient d’être fondé à New York. Là, elle va travailler avec les chorégraphes les plus influents du début du xxe siècle, tous issus de la troupe des Ballets russes : Michel Fokine, George Balanchine, Léonide Massine, Bronislava Nijinska… Elle y développe une technique virtuose en interprétant les grandes œuvres du répertoire romantique et classique, et avec le désir de toujours s’améliorer. C’est ainsi qu’elle partira inopinément pour Londres afin d’étudier avec la pédagogue Vera Volkova. Cette même année, en 1940, on lui diagnostique un double décollement de la rétine : pour préserver sa vue, elle doit rester allongée trois mois dans le noir. Couchée, elle continue d’exercer ses pieds. Mais après trois interventions chirurgicales inefficaces, elle doit garder le lit un an, en évitant de bouger. Elle n’en répète pas moins tous les ballets en mimant chacun de leurs pas avec ses mains. Elle déclarera plus tard avoir ainsi appris le rôle de Giselle.
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Écrit par
- Agnès IZRINE : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse
Classification
Média