ALONSO ALICIA (1920-2019)
Danser à tout prix
De retour au Ballet Theatre, elle remplace au pied levé, dès 1943, l’interprète principale de Giselle. Une prestation inoubliable qui lui permet d’obtenir immédiatement le titre de « principal dancer » (danseuse étoile). Elle incarne les premiers rôles dans des créations mondiales comme Undertow (1945) d’Antony Tudor, Theme and Variations de George Balanchine (1947) ou Fall River Legend (1948) d’Agnes De Mille, où elle peut donner libre cours à son talent de tragédienne. Devenue l’une des étoiles les plus adulées, elle se produit à travers le monde. Danseuse au style raffiné et précis, virtuose aux pointes d’acier, elle est également, malgré ses graves problèmes oculaires, une interprète dramatique de grande classe. Ne distinguant plus que des ombres, elle danse grâce à un système ingénieux de repères lumineux disposés sur la scène.
En 1948, Alicia Alonso revient à Cuba où elle crée sa propre compagnie, le Ballet Alicia Alonso, dont elle est la « prima ballerina ». Soucieuse de former une relève et un style typiquement cubain, elle crée également une école. Elle confie la direction de la compagnie à son mari, Fernando, tandis que son beau-frère, le danseur Alberto Alonso – qui a été formé par les grandes figures des Ballets russes de Diaghilev – occupe le poste de directeur artistique et de chorégraphe. Parallèlement, elle poursuit sa carrière américaine et internationale. En 1953, elle monte à l’Opéra de Paris sa propre version de Giselle dans laquelle elle transcende le rôle principal. Entre 1955 et 1959, elle est la première étoile occidentale à s’imposer aux célèbres ballets du Kirov de Leningrad et du Bolchoï de Moscou.
Durant ces années 1950, le dictateur cubain Fulgencio Batista supprime les subventions accordées à sa compagnie et à son école. Elle ferme cette dernière en 1956, avant de rejoindre le Ballet russe de Monte-Carlo établi à New York depuis 1939. Là, elle retrouve le danseur Igor Youskevitch, ayant formé avec lui un couple artistique légendaire à partir des années 1940, lorsqu’ils dansaient tous les deux à l’American Ballet Theatre. Il vient d’être nommé conseiller artistique du Ballet russe de Monte-Carlo. Elle continuera d’être sa partenaire privilégiée pendant quatorze ans et reste au Ballet russe jusqu’en 1959. Quand il arrive au pouvoir cette même année, Fidel Castro lui demande de revenir dans son pays. Il lui alloue une somme de 200 000 dollars et la promesse de subventions annuelles pour fonder une nouvelle école et le Ballet national de Cuba, qu’elle dirigera jusqu’à son décès le 17 octobre 2019 à La Havane.
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Écrit par
- Agnès IZRINE : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse
Classification
Média