- 1. Grandes étapes de l'évolution de l'alimentation
- 2. Croissance économique et changement alimentaire
- 3. Aliments en croissance, aliments en décroissance
- 4. Différenciation croissante des produits alimentaires
- 5. Alimentation et santé : les problèmes de l'abondance
- 6. Hétérogénéité des comportements : des différences et des inégalités
- 7. Bibliographie
ALIMENTATION (Comportement et pratiques alimentaires) Évolution de la consommation
Aliments en croissance, aliments en décroissance
L' évolution qui vient d'être retracée est la traduction nutritionnelle de changements massifs dans la consommation des principaux aliments. Quelques exemples permettent d'en prendre la mesure. En France, par exemple, d'après les données de l'Annuaire statistique de la France de l'I.N.S.E.E., la consommation de pain a baissé de moitié entre le début des années 1950 et la fin du xxe siècle (120 à 130 kg/pers./an en 1950 et seulement 59 en 2000) et celle des pommes de terre a suivi le même mouvement (125 à 150 kg/pers./an en 1950, 69 kg/pers./an en 2000). La consommation des légumes et des fruits s'est, quant à elle, fortement accrue, passant de 60-70 à 125 kg/pers./an pour les légumes (frais et transformés) et d'environ 40 à 65 kg/pers.e/an pour les fruits. La consommation de tous les produits d'origine animale a également augmenté de façon très significative : de 115 à 130 kg/pers./an pour le lait et les produits dérivés, de 44 à 87 kg/pers./an pour l'ensemble des viandes et de 10 à 24 kg/pers./an pour les poissons, crustacés et coquillages.
En France toujours, cette évolution du régime alimentaire a entraîné une augmentation des ingestions de lipides accentuée par l'accroissement de l'utilisation des corps gras (de 12 à 20 kg/pers./an pour l'ensemble beurre, huile et margarine). Après avoir augmenté jusqu'au début des années 1970, la consommation directe de sucre a ensuite fortement baissé, mais cette baisse est plus que compensée par la progression continue des aliments et des boissons sucrés au sein de l'alimentation. Dans le domaine des boissons, les changements sont massifs : la consommation globale d'alcool a diminué au profit de celle de jus de fruits, de sodas (qui est passée de 8 à 53 l/pers./an de 1950 à 2000) et, surtout, d'eau minérale (de 10 à 153 l/pers./an). Dans le même temps, la consommation de vin courant s'est effondrée (de 120 à 32 l/pers./an) sans être compensée quantitativement par l'accroissement de la consommation des vins d'appellation (de 4 à 26 l/pers./an).
Tous ces changements, qui ont affecté la structure même de la ration alimentaire et la consommation de la plupart des aliments, ont été considérables. Très marqués dans les années 1950 et 1960, ils se sont poursuivis ensuite à un rythme plus lent. Depuis le milieu des années 1980, les quantités consommées tendent à se stabiliser dans tous les groupes d'aliments à l'exception du groupe des boissons du fait de la consommation croissante d'eau en bouteille, de jus de fruits et de sodas.
Les tendances alimentaires observées en France sont assez représentatives de l'évolution de la consommation en Europe de l'Ouest au cours des dernières décennies. Par exemple, selon les bilans alimentaires de la F.A.O., la consommation annuelle par personne de pommes de terre a diminué d'environ 30 p. 100 entre 1961 et 2003 dans l'ensemble de l'Union européenne à 15, et celle de la viande a augmenté de presque 70 p. 100 durant la même période.
Aux États-Unis, la consommation des céréales a baissé de moitié entre le début du xxe siècle et le début des années 1970, tandis que la consommation totale des viandes a crû d'environ 60 p. 100. Depuis lors, la consommation de viande augmente beaucoup moins vite, et celle des produits dérivés des céréales ne diminue plus et a même tendance à augmenter depuis le début des années 1980.
Le Japon, qui a su dans une large mesure préserver son modèle alimentaire, n'en a pas moins connu lui aussi des changements de consommation majeurs. Entre 1961 et 2003, les bilans alimentaires de la F.A.O. font apparaître une diminution de presque 50 p. 100 de la consommation de riz (de 111 à 57 kg/pers./an), une augmentation sensible de la[...]
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Écrit par
- Pierre COMBRIS : directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.)
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