ALIMENTATION (Économie et politique alimentaires) Malnutrition dans le monde
La situation mondiale de l'alimentation est très contrastée : d'un côté, suralimentation pour près de deux milliards de personnes ; de l’autre, faim continuelle pour environ une personne sur dix, soit autour de 800 millions de personnes. Près d'un tiers de l’humanité est en situation de précarité alimentaire. Les causes profondes de la malnutrition relèvent de l’organisation économique et sociale des populations. Pour garantir une alimentation adéquate pour tous les humains à l’horizon 2050, il faut entreprendre des actions résolues en faveur de régimes alimentaires sains et du développement agricole durable. Cela implique de relever des défis techniques, mais aussi et surtout des défis économiques et sociaux.
Besoins et régimes alimentaires
Les humains, parce qu’ils sont omnivores, peuvent couvrir leurs besoins alimentaires avec une très grande variété de produits végétaux ou animaux.
Besoins alimentaires
Contrairement aux végétaux – qui peuvent vivre en absorbant simplement de l'eau, du dioxyde de carbone, des éléments minéraux et de l'énergie solaire –, les humains, comme les animaux, doivent ingérer des matières organiques, parmi lesquelles des macronutriments (glucides, lipides, protides). Or l'industrie n'est toujours pas en mesure de synthétiser de manière rentable à grande échelle ces matières organiques, et ne le sera pas de sitôt. Pour nourrir des milliards d'humains, il n'y a donc pas d'autre voie que de continuer de pratiquer l'agriculture.
Les macronutriments fournissent notamment de l'énergie alimentaire, mesurée en kilocalories (kcal), et de l’azote. Les besoins énergétiques alimentaires d'un individu dépendent de son âge, de sa taille, de son poids, de son activité, de son état physiologique (maladie, grossesse ou allaitement pour les femmes...) et d'autres facteurs tels que le climat. En conséquence, l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (OAA, communément désignée par son sigle anglais FAO, pour Food and Agriculture Organization) calcule les besoins énergétiques alimentaires d'une population donnée en fonction de sa structure par âges, de sa taille moyenne, du taux d'urbanisation (en général, les activités physiques des urbains sont moindres que celles des ruraux), des proportions d’hommes et de femmes, et du taux de fécondité (les besoins des femmes enceintes sont plus importants, mais un taux de fécondité élevé entraîne à court terme une proportion plus grande de jeunes enfants, et donc une baisse des besoins moyens par individu). Ainsi, les besoins énergétiques moyens des populations des pays du monde sont généralement compris entre 2 100 et 2 400 kilocalories par personne et par jour (kcal/pers./j).
Les humains doivent aussi absorber des micronutriments (vitamines et éléments minéraux), de l'eau, à raison de 2,5 litres par personne et par jour en moyenne, et quelques autres constituants alimentaires comme les fibres, par exemple.
Régimes alimentaires
La FAO estime les disponibilités énergétiques alimentaires par personne et par jour (DEA/pers./j) avec la méthode des bilans alimentaires annuels par pays. Pour cela, elle évalue d'abord, par catégorie de produits alimentaires, la somme des ressources (production locale, importations, variations de stocks), puis elle retranche la somme des utilisations qui ne sont pas directement destinées à l'alimentation humaine locale (exportations, alimentation animale, semences, utilisations industrielles non alimentaires, pertes entre la production et les marchés de détail, autres utilisations non alimentaires) pour en déduire un solde correspondant à la consommation humaine. Ces estimations comportent inévitablement des erreurs. De plus, elles ne tiennent pas compte des gaspillages qui interviennent chez les détaillants, dans les services[...]
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Écrit par
- Laurence ROUDART : professeure en sciences de la population et du développement, spécialisée dans les questions agricoles et alimentaires à l'Université libre de Bruxelles (Belgique)
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