ALIMENTATION (Économie et politique alimentaires) Malnutrition dans le monde
Quelques définitions
Pour analyser les situations alimentaires des populations, plusieurs concepts peuvent être utilisés, chacun éclairant des aspects particuliers de la réalité.
Sous-alimentation et malnutrition
Selon la FAO, la sous-alimentation, est une situation dans laquelle la ration alimentaire, mesurée en kilocalories, ne suffit pas, de manière continue, pour couvrir les besoins énergétiques de base. Concrètement, cela signifie qu’une personne sous-alimentée souffre de la faim tous les jours ou presque. Cette définition se concentre sur l'apport en énergie de la nourriture ingérée. Elle n'envisage donc ni la composition qualitative de l'alimentation ni son utilisation par l'organisme ni le statut nutritionnel qui en résulte.
Par différence, la malnutrition est un mauvais état physiologique provenant d'une alimentation inadéquate, ou d'une déficience de soins (insuffisance de fractionnement des repas pour les nourrissons ou pour certains malades, par exemple), ou de mauvaises conditions de santé ou d'hygiène (non-accès à l’eau potable, par exemple). On distingue plusieurs formes de malnutrition :
– la sous-nutrition, provoquée par une sous-alimentation prolongée ou par une assimilation insuffisante de la nourriture ingérée pour cause de maladie ;
– les carences en divers nutriments, en particulier protéines, éléments minéraux ou vitamines ;
– la surnutrition, qui résulte d'une suralimentation pouvant être liée à une maladie.
Le concept de malnutrition est donc plus complexe que celui de sous-alimentation : il prend en compte l’état nutritionnel du corps humain et les facteurs qui contribuent à cet état, à savoir la composition du régime alimentaire, mais aussi les autres conditions de vie. Ainsi, la sous-alimentation est une cause possible, parmi d’autres, de la malnutrition.
Sécurité alimentaire
Selon la définition de la FAO, « la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, économique et social à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ».
On considère habituellement que cette définition renvoie à quatre idées clés :
– la disponibilité des aliments, en quantité et en qualité, les aliments pouvant provenir de la production locale ou des importations (y compris de l'aide alimentaire) ;
– l'accès de chaque individu aux aliments dont il a besoin, parce qu'il appartient à une famille qui dispose d'un revenu suffisant pour se procurer ces aliments, ou qui les produit elle-même et les consomme (famille paysanne), ou encore qui bénéficie d'un système de sécurité sociale lui permettant d'obtenir des aliments ;
– la bonne utilisation physiologique des aliments, qui conduit chaque individu à un statut nutritionnel correct ;
– la stabilité dans le temps des disponibilités alimentaires, de leur accès et de leur bonne utilisation.
Cette interprétation usuelle du concept de sécurité alimentaire ne souligne pas une autre dimension importante pourtant bien présente dans la définition, celle des préférences alimentaires, qui renvoie à la diversité culturelle des populations en matière d'alimentation et d'agriculture.
Le concept de sécurité alimentaire est donc complexe, lui aussi. C'est pourquoi la FAO recourt à tout un ensemble d'indicateurs pour appréhender la situation de la sécurité alimentaire dans un pays ou dans une région.
Droit à l’alimentation
Le droit à l’alimentation pour chaque être humain est reconnu par le droit international. Selon le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies, « le droit à une alimentation adéquate est réalisé lorsque chaque homme, chaque femme et chaque enfant, seul ou[...]
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Écrit par
- Laurence ROUDART : professeure en sciences de la population et du développement, spécialisée dans les questions agricoles et alimentaires à l'Université libre de Bruxelles (Belgique)
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