ALIMENTATION (Économie et politique alimentaires) Malnutrition dans le monde
Les évolutions de la malnutrition
Depuis le xxe siècle, plusieurs déclarations internationales ont fixé des objectifs en matière de réduction des problèmes alimentaires.
La reconnaissance internationale du problème de la faim et de la malnutrition
La reconnaissance internationale officielle du problème de la faim remonte aux années 1930 et a été suivie par la création de la FAO (décidée en 1943). L'un des buts de cette organisation est en effet de « libérer l'humanité de la faim ». Depuis lors, plusieurs déclarations internationales faisant référence à cette question ont été adoptées, dont la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui énonce que « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation » (article 25). Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966), ratifié par près de cent cinquante États, proclame « le droit fondamental qu'a toute personne d'être à l'abri de la faim » (article 11). La déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale, signée par près de cent quatre-vingt-dix chefs d'État et de gouvernement lors du Sommet mondial de l'alimentation en 1996, soutient « Nous [...] proclamons notre volonté politique et notre engagement commun et national de parvenir à la sécurité alimentaire pour tous et de déployer un effort constant afin d'éradiquer la faim dans tous les pays et, dans l'immédiat, de réduire de moitié le nombre des personnes sous-alimentées [estimé à l'époque à 800 millions] d'ici à 2015 au plus tard. » Il s’agit là d’une déclaration très volontariste, avec un objectif ambitieux – réduction de 400 millions du nombre de sous-alimentés – à atteindre dans un délai défini.
Mais, dès l’an 2000, cet objectif est revu à la baisse avec l’adoption, sous l’égide des Nations unies, des huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). En effet, le premier d’entre eux était bien de « réduire l’extrême pauvreté et la faim ». Cependant, l’une des cibles composant cet objectif était de « réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion [et non le nombre] de la population qui souffre de la faim ». Compte tenu de la croissance démographique et de l’estimation du nombre de sous-alimentés à l’époque, cela revenait à fixer un objectif de réduction de ce nombre inférieur à 200 millions, soit bien moins que lors du Sommet mondial de l’alimentation.
En 2015, lors de l’établissement du bilan des OMD, l’objectif concernant la faim n’était pas vraiment atteint. Cette même année, dix-sept Objectifs de développement durable (ODD) pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous à l’horizon 2030 ont été adoptés. Ils succèdent aux huit OMD. Deux d’entre eux concernent directement le problème de la malnutrition : le deuxième, intitulé « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable » ; le sixième, nommé « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ». Chaque ODD est assorti de cibles à atteindre et d'indicateurs pour mesurer leur évolution. Pour le deuxième, il s'agit notamment, d'ici à 2030, d'éliminer la faim ainsi que toutes les formes de malnutrition, et aussi de faire en sorte que chaque être humain « ait accès tout au long de l'année à une alimentation saine, nutritive et suffisante. » Très ambitieux, cet objectif va donc au-delà de l'éradication de la faim : il vise aussi toutes les formes de malnutrition et stipule une cible d'alimentation adéquate pour tout être humain. En ce qui concerne la faim, les indicateurs retenus sont la prévalence de la sous-alimentation[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Laurence ROUDART : professeure en sciences de la population et du développement, spécialisée dans les questions agricoles et alimentaires à l'Université libre de Bruxelles (Belgique)
Classification
Médias
Autres références
-
CONTRÔLE CENTRAL DE L'APPÉTIT
- Écrit par Serge LUQUET
- 5 946 mots
- 6 médias
Tous les organismes ont besoin d’un apport en calories qui s’équilibre avec leurs besoins énergétiques pour assurer leur survie. Ainsi des mécanismes sophistiqués et redondants se sont-ils mis en place au cours de l’évolution afin d’optimiser la capacité d’un organisme à s’adapter à ses besoins...
-
CRISES D'ACCÈS À L'ALIMENTATION
- Écrit par Laurence ROUDART
- 5 698 mots
- 6 médias
Les crises d’accès à l’alimentation constituent l’une des deux grandes catégories des crises alimentaires. Très répandues dans le monde contemporain, elles sont classées en différentes phases selon leur gravité. Leurs causes immédiates sont soit une insuffisance des disponibilités vivrières, soit une...
-
TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES
- Écrit par Martine FLAMENT
- 7 260 mots
- 2 médias
Les troubles des conduites alimentaires (TCA) regroupent principalement l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie boulimique.
Les conduites anorexiques sont décrites comme des conduites de restriction alimentaire extrême dès l’Antiquité. Elles revêtent un caractère mystique au Moyen...
-
AGRICULTURE URBAINE
- Écrit par Jean-Paul CHARVET et Xavier LAUREAU
- 6 274 mots
- 8 médias
Lemodèle alimentaire français, que l’on retrouve avec des nuances plus ou moins sensibles dans la plupart des pays industrialisés, a été globalement marqué par un ensemble d’évolutions comparables depuis les années 1990. Les principales sont liées au développement de certains comportements alimentaires :... -
CHASSEURS-CUEILLEURS (archéologie)
- Écrit par Jean-Paul DEMOULE
- 4 728 mots
- 3 médias
-
ZOONOSES
- Écrit par Gabriel GACHELIN
- 4 530 mots
- 4 médias
...de décisions et de normes cruciales en matière de santé publique nationale comme internationale. Ce sous-ensemble des zoonoses défini par le lien avec l’alimentation humaine (et animale) évolue sans cesse, comme le montrent l’histoire de la « vache folle » des années 1990 et les poussées de fièvre Ebola....