ALIMENTATION (Économie et politique alimentaires) Malnutrition dans le monde
Prospective alimentaire et agricole à l'horizon 2050
Selon les projections démographiques des Nations unies, la population mondiale pourrait compter entre 9,4 et 10,1 milliards d'humains en 2050, avec une variante moyenne à 9,4 milliards. Et elle pourrait être comprise entre 9,4 et 12,7 milliards d’humains en 2100, avec une variante moyenne à 10,9 milliards. Ces chiffres dépendent beaucoup des hypothèses retenues quant aux taux de fécondité moyens (nombre d'enfants vivants à la naissance par femme féconde) qui seront atteints en 2050 et en 2100. Dans la variante moyenne, les hypothèses reposent sur un taux de fécondité mondial de près de 2,2 en 2050 et de 1,9 en 2100.
En s’appuyant sur les projections démographiques des Nations unies, plusieurs analyses de prospective agricole et alimentaire ont été conduites. L’étude Agrimonde-Terra, menée en France par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA, devenu depuis le 1er janvier 2020 Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement ou INRAE) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), a produit cinq scénarios prospectifs sur l’usage des sols et la sécurité alimentaire dans le monde et ses régions entre 2010 et 2050. Chacun d’entre eux combine différentes hypothèses relatives aux évolutions des modes de culture et d’élevage, du climat, des régimes alimentaires, de l’organisation des exploitations agricoles, des relations entre milieux rural et urbain, ainsi que du contexte économique, social et politique mondial. Trois des scénarios prolongent des tendances constatées dans la plupart des régions du monde, tandis que deux d’entre eux supposent des ruptures avec ces tendances. Un scénario tendanciel et un scénario de rupture sont présentés ci-après. Ils sont particulièrement contrastés du point de vue des évolutions agricoles et alimentaires.
Scénario tendanciel
L’un des scénarios, nommé « métropolisation », poursuit des tendances existant depuis longtemps et se caractérise par une croissance à tout prix. Ainsi, dans le prolongement de la révolution agricole de la seconde moitié du xxe siècle dans les pays à revenu élevé (Histoire des agricultures depuis le xxe siècle), les cultures sont plus fortement utilisatrices d’engrais minéraux et de pesticides chimiques d’origine industrielle ; les élevages emploient davantage d’aliments concentrés et de produits vétérinaires d’origine industrielle également ; les exploitations agricoles sont de plus grande taille. Ces dernières emploient de grosses machines et peu de main-d’œuvre, sont spécialisées dans quelques productions et sont concentrées dans les régions les plus favorables. Le changement climatique est rapide, car peu d’actions sont menées en faveur de l’environnement. Les régimes alimentaires comportent de plus en plus de produits transformés par les industries (variante 1) ou de viande (variante 2). Les mégalopoles (plus de 10 millions d’habitants) concentrent toujours plus de population et d’activités économiques. En conséquence, selon ce scénario, la dégradation des sols s’amplifie, de nombreuses régions agricoles sont fortement émettrices de gaz à effet de serre et contribuent au changement climatique. La sous-nutrition persiste tandis que le surpoids, l’obésité et les MNTA s’étendent. Du fait de la spécialisation régionale, le commerce international des produits agricoles augmente beaucoup, l’Amérique du Nord, le Brésil et l’Argentine devenant des zones encore plus fortement exportatrices. Mais l’instabilité des prix sur les marchés internationaux conduit à des crises récurrentes d’accès à l’alimentation (Crises d’accès à l’alimentation) qui frappent surtout les ménages à bas revenus. Les inégalités spatiales et économiques s’accroissent.[...]
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Écrit par
- Laurence ROUDART : professeure en sciences de la population et du développement, spécialisée dans les questions agricoles et alimentaires à l'Université libre de Bruxelles (Belgique)
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