ALLĀH
Nom désignant en islam le Dieu unique et créateur qui a révélé son existence et ses commandements, ses promesses et ses menaces, depuis Adam jusqu'à Muḥammad. Ce nom, connu avant la mission du Prophète, a pu désigner en Arabie le Dieu suprême. Il se rattache à la racine sémitique el. En arabe, ilāh signifie la divinité, dieu comme nom commun. Le verbe alaha signifie adorer. Ṭabarī rapporte, dans son commentaire du Coran, cette définition d'Ibn ‘Abbās : « Il est Celui que toute chose adore, à qui toute créature rend un culte. »
Les grammairiens expliquent comment al-ilah (avec l'article) a pu devenir Allāh. À Allāh sont accolés les deux noms de Raḥmān et de Raḥīm. Le Raḥmān, selon les commentateurs, est Dieu en tant qu'il a pitié et prend soin de la destinée de toutes les créatures ; le Raḥīm est Dieu en tant qu'il a pitié des hommes et en particulier des croyants. Un autre nom souvent lié à Allāh est Rabb, le Seigneur, devant qui l'homme est un ‘abd, un serviteur. Dieu est le Seigneur des mondes, parce qu'il est créateur (khāliq) et qu'il pourvoit aux besoins de ses créatures comme rāziq. Il se suffit à lui-même : lui seul n'a besoin de rien ni de personne : il est ghanī (riche), et les créatures qui ont besoin de lui sont pauvres (faqīr) : « Ô vous les hommes ! Vous êtes les pauvres dans le besoin de Dieu, et Dieu est le Riche à qui appartient la louange » (Coran, xxxv, 15). Aussi est-il le Subsistant (qayyūm).
Dieu est donc parfaitement transcendant. Il est unique (aḥad), sans faille et donc éternel (ṣamad), sans contraire (ḍidd), sans pareil (andād), sans égal (kufuw). Il n'est pas engendré et n'engendre pas. Rien ne lui ressemble. Ces idées ont favorisé une conception volontariste — Dieu fait ce qu'il veut — et une opposition à la doctrine selon laquelle il existe en lui des idées exemplaires des choses. Dieu est le Premier et le Dernier (lvii, 3). Tout vient de lui, car il « inaugure la création » (yabda'u'l-khalq, x, 4). Tout revient à lui. C'est le thème du lieu de retour à Dieu (Ma‘ad) promis au Prophète (xxviii, 85).
Dans le Coran, Dieu fait connaître ses noms, soit pour que, par eux, l'homme puisse l'invoquer, soit parce que ces noms révèlent des attributs qui le font d'une certaine manière concevoir, ce qui a soulevé le grave problème de l'unité divine et de la multiplicité des noms et attributs. Quoi qu'il en soit, ce sont les « plus beaux noms » (al-asmā' al-ḥusnā). Selon certains docteurs (tel Ibn ‘Arabī), le nom d'Allāh les résume tous. Parmi les théologiens, les uns pensent qu'Allah désigne l'essence divine ; et Rabb, les attributs. Pour d'autres, si Allāh est le nom le plus parfait, il reste, comme nom, extérieur à l'essence ineffable. Cette essence est mieux rendue par Huwa (Lui), d'où l'on a fait le terme huwiyya (ipséité divine) ; et, dans la commémoration mystique des soufis, le dhikr Allāh, ce huwa se réduit à l'aspiration de la lettre h, la dernière du nom d'Allāh, dernier souffle de l'extase, quand l'homme disparaît dans le fanā' devant le mystère de la majesté de Dieu.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Roger ARNALDEZ : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Autres références
-
‘AMR
- Écrit par Roger ARNALDEZ
- 224 mots
Mot arabe qui, venant du verbe amara (« commander », « ordonner »), désigne l'impératif en grammaire et le commandement divin dans le Coran et la théologie. Le ‘amr est donc en relation avec la volonté de Dieu, tantôt avec la volonté législatrice (irāda), tantôt avec une volonté...
-
ARABIE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Robert MANTRAN et Maxime RODINSON
- 7 614 mots
...divinités. Des divinités résidaient au ciel et étaient même identifiées à des astres. Elles variaient suivant les régions. On invoquait partout, semble-t-il, Allāh, « le dieu, la divinité », personnification du monde divin sous la forme la plus haute, créateur de l'univers et gardien de la foi jurée, peut-être... -
DHIKR
- Écrit par Richard GOULET
- 383 mots
Transcrit également zikr, le dhikr désigne en arabe la remémoration, puis la mention arabe du souvenir, spécialement la prière rituelle ou litanie que récitent les mystiques musulmans (soufis) dans le dessein de rendre gloire à Dieu et d'atteindre la perfection spirituelle ; le mot désigne enfin...
-
ISLAM (La religion musulmane) - Les fondements
- Écrit par Jacques JOMIER
- 12 637 mots
- 1 média
...Dès le début, la personne de Muḥammad prit son relief : il était le chef de la petite communauté, mais surtout « l'envoyé de Dieu » (rasoul Allāh) suivant le titre que le Coran lui donna aussitôt. Le Coran le mettait en parallèle avec Moïse (lxxiii, 15), tout en enseignant que chaque peuple... - Afficher les 9 références