KAPROW ALLAN (1927-2006)
Artiste américain né le 23 août 1927 à Atlantic City (New Jersey), Allan Kaprow étudie dès 1943 à la New York High School of Music and Art ; puis en 1947, il se consacre à la peinture à la Hans Hofmann School of Fine Arts. En 1949, il s'initie à la philosophie à la New York University, et l'année suivante à l'histoire de l'art, suivant l'enseignement de Meyer Shapiro à Columbia University, où il soutiendra une thèse sur Mondrian.
Allan Kaprow enseigne à la Rutgers University (New Jersey), puis à New York (State University), enfin en Californie à partir de 1969 à l'institut CalArts et à l'University of California de San Diego. En 1952, il est le cofondateur, à New York, de la Hansa Gallery, et en 1959, celui de la Reuben Gallery. De 1956 à 1958, il devient l'un des élèves de Cage à la légendaire New School for Social Research de New York. Après avoir exposé de la peinture expressionniste abstraite, en 1957 il se tourne vers la réalisation d'environnements incluant lumières, odeurs, sons électroniques et matériaux inhabituels.
Surtout, Kaprow fut le créateur du happening (du verbe to happen : « se produire », « avoir lieu »). Le mot apparaît à la fin d'un texte paru en 1958 dans la revue Art News, sous le titre « L'Héritage de Jackson Pollock ». « Non seulement ces créateurs audacieux vont nous montrer, comme pour la première fois, le monde tel que nous l'avons toujours eu autour de nous et tel que nous l'avons ignoré, mais ils vont découvrir des happenings et des événements entièrement inconnus, trouvés dans les poubelles, les classeurs de police, les couloirs d'hôtel, vus dans les vitrines de magasins et dans les rues. » Kaprow passera en réalité de l'assemblage (Rearrangeable Panels ou Kiosk, 1957-1959) à l'environnement (Beauty Parlor, 1957-1958, ou Apple Shrine, 1960) et au happening (18 Happenings in 6 Parts, Reuben Gallery, New York, octobre 1959).
L'artiste refuse la filiation entre happening et performance, comme celle entre environnement et installation. Dans l'environnement, en effet, le public a « une tâche ou un travail très minimal à accomplir. Pousser ceci, bouger cela. Combiner ceci avec quelque chose d'autre ». Alors qu'une installation, « c'est la même chose qu'une vitrine où l'on installe un mannequin, avec des objets à vendre ». La performance, pour lui, est un événement artistique qui se produit devant un public. Alors que « les happenings avaient un temps discontinu : deux, trois mois ; une seconde. Pas de public. Seulement des intervenants. Et, c'est important, pas de référence à la culture artistique ». Le mot de happening a été choisi par l'artiste « parce que c'était un mot qui ne suggérait rien », pour que les gens s'écrient : « Ah ! mais ce n'est pas de l'art ! » Mais par son seul succès médiatique, ce mot lui a échappé.
Pour Kaprow, « la signification de l'environnement n'était pas seulement d'intégrer participants et œuvre, il devait aussi se fondre autant que possible avec les espaces eux-mêmes et les contextes sociaux dans lesquels il était placé. En 1963, il devenait nécessaire de sortir du contexte d'un cadre artistique connoté (ateliers, galeries, musées) pour se fondre dans le milieu naturel et dans la vie urbaine. Le happening était donc une extension naturelle de l'environnement ». Devant la vogue de ses environnements et de happenings comme Fluids, à Los Angeles en 1967, Kaprow décide, à partir des années 1970, de se consacrer désormais à de simples « activités » (activities). Cette fois, le terme passera inaperçu.
En France, Kaprow a réalisé le happening du Bon Marché en 1963, et en 1992 il réinvente, à Paris et à Montreuil, ses environnements des années 1960. En 1994, il participe à l'exposition[...]
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Écrit par
- Jacques DONGUY : docteur ès lettres, chargé de cours à l'université de Paris-I
Classification
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