ALLEMAGNE (Histoire) Allemagne médiévale
Le temps des princes (XIVe-XVIe siècle)
L'Allemagne des principautés
Avec la fin des Hohenstaufen, l'idée d'empire universel cessa d'apparaître comme projet réalisable, et l'Empire se restreignit territorialement à l'Allemagne. En effet, à la fin du xiiie siècle, la plupart des territoires liés à l'Allemagne à l'ouest (royaume de Bourgogne-Provence) et au sud (royaume d'Italie) avaient cessé d'en dépendre. Seuls lui étaient demeurés les pays colonisés, à l'est jusqu'aux limites de la plaine hongroise et du bassin de l'Oder, au nord-est le long des côtes de la Baltique jusqu'au Niémen. Les agrandissements réels, par rapport au royaume de Germanie du xe siècle, s'étaient donc effectués face aux Slaves, encore qu'il faille nuancer. Si le Brandebourg, la Lusace, la Misnie représentaient bien des gains, il demeura dans les limites de l'Empire des principautés tenues par des dynasties slaves : celles de Mecklembourg, restée aux descendants de Niklot, prince des Obodrites ; de Poméranie, qui demeura aux Boguslavides jusqu'en 1637 ; de Silésie, morcelée entre plusieurs principautés (Piast jusqu'en 1526) ; de Bohême, où les Prémyzlides régnèrent jusqu'en 1306.
Bien qu'il fût toujours question de Saxe, Bavière, Souabe, Franconie, Lorraine, les anciens duchés nationaux de ces noms avaient disparu. Au milieu d'une multitude de territoires aux frontières enchevêtrées, la plupart de médiocre étendue, commençaient à se dessiner les nouvelles principautés territoriales constituées par les dynasties des Ascaniens (marche de Brandebourg, Saxe-Wittenberg et Saxe-Lauenbourg, Anhalt), des Wettin (Thuringe, Misnie), des Welf (Brunswick, Lünebourg), des Wittelsbach (Bavière et Palatinat du Rhin), ou par les chevaliers Teutoniques. Ces États se trouvaient dans l'Est, alors que les régions occidentales étaient plus morcelées. La division atteignait son maximum en Franconie et en Souabe : les Staufen y avaient consolidé le pouvoir ducal, mais leur chute marqua la fin du duché, d'autant que la résistance opposée par les nombreuses villes aux féodaux et la présence d'une noblesse relevant directement de l'empereur étaient particulièrement favorables à la prolifération des domaines territoriaux. L'Ouest était aussi la zone des grandes principautés ecclésiastiques : Cologne (dont dépendait le duché de Westphalie), Trèves, Mayence, Brême, Münster, Paderborn, Wurtzbourg, Bamberg, sans oublier les abbayes de Fulda, Corvey, Saint-Gall. D'autres principautés ecclésiastiques importantes se situaient à l'extrême-ouest, comme Utrecht et Liège, et au sud, telles Salzbourg et Trente. Si les États étendus étaient rares à l'ouest, c'était un secteur de civilisation ancienne où se trouvaient la plupart des villes, les unes « impériales », de tout temps soumises à l'empereur, ce qui leur assurait une indépendance à peu près complète du fait de la décadence du pouvoir central (Francfort, Nuremberg, Aix-la-Chapelle, Ulm), les autres « libres », anciennes cités épiscopales ayant acquis dans le périmètre urbain l'exercice des droits régaliens jadis dévolus aux évêques et devenues, sous la protection impériale, aussi indépendantes que les précédentes (Ratisbonne, Strasbourg, Bâle, Mayence, Cologne). Cependant, si elles jouaient un grand rôle dans la vie économique allemande, en plein essor le long des côtes du Nord et sur les axes de communication menant vers la France et l'Italie, aucune de ces villes, contrairement à ce qui se passait à la même époque en Italie, ne put étendre son autorité au-delà de sa banlieue pour devenir le centre d'une principauté territoriale. Certaines d'entre elles, par leur groupement, constituèrent toutefois une puissance originale, la Hanse.[...]
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Écrit par
- Pierre-Roger GAUSSIN : maître de conférences à la faculté des lettres et sciences humaines de Lyon, directeur du Collège littéraire universitaire de Saint-Étienne
Classification
Médias
Autres références
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ALLEMAGNE - Les institutions
- Écrit par Stéphane SCHOTT
- 4 249 mots
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