ALLEMAGNE (Histoire) Allemagne moderne et contemporaine
Le Deuxième Reich (1871-1918)
L'Allemagne sort agrandie de la guerre de 1870 qu'elle vient de remporter sur la France, grâce à la victoire de Sedan (2 sept. 1870) et à la reddition de Paris (28 janv. 1871). Son accroissement est double : la Confédération de l'Allemagne du Nord voit s'agréger à elle les quatre États du Sud qui s'étaient tenus écartés en 1867. Le nouvel Empire ainsi constitué acquiert, par le traité de Francfort (10 mai 1871), l'Alsace-Lorraine érigée en Reichsland, propriété commune des vingt-cinq États allemands. En tout 540 858 km2 : 1 300 km de Memel à la frontièresuisse proche de Bâle, 760 de Trèves à Breslau, 900 de la frontière danoise à la frontière autrichienne au sud de Munich.
Le IIe Reich est un empire fédéral marqué par la personnalité de Guillaume Ier (1871-1888) et de Guillaume II (1888-1918), séparés par le règne éphémère de Frédéric III, et l'action des chanceliers Bismarck (1871-1890), Caprivi (1890-1894), Hohenlohe (1894-1900), Bülow (1900-1909) et Bethmann-Hollweg (1909-1917).
L'Allemagne des villes
Un fait essentiel en ce domaine : l'étonnant accroissement numérique de la population, dans des frontières qui restent stables entre 1871 et 1919. De 41 millions d'habitants en 1871, on passe à 45 millions en 1880, 49 en 1890, 56 en 1900, 64 en 1910, 69 en 1914 – en face d'une France qui se hausse avec peine de 36 à 39 millions d'habitants. À quoi est dû cet accroissement démographique ? Le taux de natalité baisse de 39 à 26 p. 1 000. L'émigration est forte jusqu'en 1892, avec deux pointes en 1872 (130 000), puis en 1880 et 1881 (310 000 pour ces deux années), pour se maintenir ensuite au rythme annuel de 100 000, puis de 25 000 de 1895 à 1914. Mais le taux de mortalité diminue de 30 à 20 p. 1 000. L'accroissement de la population s'explique donc par l'excédent des naissances sur les décès : 10 à 11 p. 1 000 en 1871-1880, 15,6 en 1898, pour redescendre à 12 en 1913, soit 800 000 Allemands de plus, en moyenne, chaque année.
Cette population se concentre en certains points privilégiés du territoire du Reich. Forte densité (supérieure à 100) : pays rhénans avec leurs annexes (vallées du Neckar et du Main, de la Sarre et de la Moselle, plaines du Rhin inférieur et de Westphalie), Saxes royale et prussienne, campagnes limoneuses de Hanovre, de Brunswick et de Magdebourg, basses vallées de la Weser et de l'Elbe, versant silésien des Sudètes sur la rive gauche de l'Oder, agglomération berlinoise. Moyenne densité (de 50 à 100) : Forêt-Noire, plateaux souabes, franconiens, bavarois et hessois, côtes de la mer du Nord et (par endroits) de la Baltique, majeure partie de la vallée de l'Oder. Faible densité (inférieure à 50) : grande plaine du Nord, de l'Ems au Niémen.
Ces disparités régionales sont nuancées par la proportion des populations rurales et urbaines. L'accroissement démographique va de pair avec celui du taux d'urbanisation, taux en rapport lui-même avec la transformation de l'économie qui marque l'histoire du IIe Reich. La population urbaine représente 36 p. 100 en 1871, 61 p. 100 en 1910. L'Allemagne, qui compte 8 villes de plus de 100 000 habitants en 1871, en possède 40 en 1900, 48 en 1914 (10 dépassent 300 000). Toutes les villes participent au mouvement : Berlin passe en trente ans (1875-1905) de 966 000 à 2 040 000 habitants, Francfort-sur-le-Main de 230 000 en 1880 à 415 000 en 1912, Stuttgart de 120 000 en 1883 à 250 000 en 1910 ; Nuremberg triple de 1880 à 1910, atteignant 300 000 ; Munich a 250 000 habitants en 1885, 400 000 en 1895, 539 000 en 1900, 607 000 en 1910 ; Magdebourg double (107 000, 214 000) entre 1870 et 1900 ; Hanovre passe de 140 000 en 1885 à 400 000 en 1910, Dresde de 177 000 en 1871 à 548 000 en 1910 ; Leipzig, qui[...]
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Écrit par
- Michel EUDE : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen
- Alfred GROSSER : professeur émérite des Universités, Institut d'études politiques de Paris
Classification
Médias
Autres références
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ALLEMAGNE - Les institutions
- Écrit par Stéphane SCHOTT
- 4 249 mots
Les institutions de la république fédérale d’Allemagne sont définies par la Loi fondamentale (L.F.), ou Grundgesetz, du 23 mai 1949. Pensé à l’origine comme une Constitution provisoire pour l’Allemagne de l’Ouest, le Grundgesetz s’applique à toute l’Allemagne depuis le 3 octobre 1990....