ALLEMAGNE (Histoire) Allemagne moderne et contemporaine
La République de Weimar (1919-1933)
Le traité de Versailles (28 juin 1919), les plébiscites de 1920 et 1921 ont enlevé à l'Allemagne – outre la totalité de son empire colonial – 72 112 km2, ramenant sa superficie de 540 858 à 468 746 km2. Ont été détachés de l'Allemagne sans plébiscite l'Alsace-Lorraine rendue à la France, Eupen et Malmédy donnés à la Belgique, les territoires polonais de Posnanie et de Prusse-Occidentale, le « petit pays de Hultschin » (au sud de la Silésie) cédé à la Tchécoslovaquie, Danzig et Memel érigées en villes libres. En 1920, les plébiscites ont rendu au Danemark le Schleswig du Nord, mais conservé à l'Allemagne la Mazurie, au sud de la Prusse-Orientale. À la suite du plébiscite du 20 mars 1921, les communes polonaises de haute Silésie ont été attribuées à la Pologne. Enfin un plébiscite était prévu dans le territoire de la Sarre pour 1935. Plus frappante encore que ces amputations, apparaît la configuration de la nouvelle Allemagne, où la Prusse-Orientale est séparée du reste du pays par la ville de Danzig et par le « corridor » polonais.
La population
Elle est passée de 57 millions en 1920 à 62,4 en 1925 et à 65 en 1930. Le résultat de la forte poussée démographique d'avant la guerre risque de ne pas se maintenir, car le taux de natalité ne cesse de baisser : 25,9 p. 1 000 en 1920, 21 en 1923, 20,6 en 1925, 18,5 en 1927, 17 en 1930, 15 en 1932. Une telle régression continue – freinée en partie par la diminution de la mortalité infantile – n'est pas sans inquiéter, particulièrement en face d'une Pologne où le taux des naissances atteint 34 p. 1 000. La répartition géographique de la population allemande reste sensiblement la même qu'au temps du IIe Reich, mais la disproportion entre villes et campagnes s'accroît : 64,4 p. 100 d'urbains en 1925 contre seulement 35,6 p. 100 de ruraux. Les villes continuent leur progression : 45 villes de plus de 100 000 habitants en 1925, dont 15 atteignent 300 000, tandis que 7 dépassent le demi-million. Créé en 1920, le Gross Berlin englobe 4 millions d'habitants en 1925, 4,3 en 1930. Cette même année, Hambourg en compte 1 150 000, Cologne 740 000, Munich 730 000, Leipzig 720 000, Dresde 637 000, Breslau 615 000. Les villes de la région industrielle rhéno-westphalienne poursuivent leur croissance : Essen 650 000, Dortmund 535 000, Düsseldorf 465 000, Barmen et Elberfeld, réunis en 1930 sous le nom de Wuppertal, 420 000 ; parmi les ports, Brême 305 000, Stettin 270 000, Königsberg 290 000 ; et, dans l'intérieur : Francfort 550 000, Hanovre 445 000, Nuremberg 415 000, Stuttgart 375 000, Magdebourg 300 000. L'Allemagne tend de plus en plus à être un pays de villes.
La population allemande est plus homogène en 1921 qu'en 1914 ; les amputations subies par l'Allemagne en ont séparé les allogènes. Restent en Prusse-Orientale 41 000 Mazures et 2 700 Lituaniens, en Silésie (il n'y en a plus dans la Ruhr) 150 000 Polonais, de 10 000 à 15 000 Danois dans le Schleswig : ajoutons-y les Wendes ou Sorabes de Lusace au nombre de 33 000 (ils étaient 90 000 en 1871) : ce sont là minorités réduites, en voie d'absorption dans la nation allemande.
Les milieux sociaux
La Première Guerre mondiale et la défaite de l'Allemagne n'ont pas eu les conséquences sociales qu'on aurait pu attendre des crises qui l'ont secouée de 1918 à 1923. Le mouvement spartakiste n'a pas réussi à instaurer la dictature du prolétariat. Les membres des corps francs qui s'étaient battus en Allemagne et dans les pays baltes – ceux qu'Ernst von Salomon a appelés die Geächteten (les hors-la-loi) – se sont peu à peu réadaptés à la vie normale L'inflation démesurée et galopante de 1923 a ruiné une[...]
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Écrit par
- Michel EUDE : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen
- Alfred GROSSER : professeur émérite des Universités, Institut d'études politiques de Paris
Classification
Médias
Autres références
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ALLEMAGNE - Les institutions
- Écrit par Stéphane SCHOTT
- 4 249 mots
Les institutions de la république fédérale d’Allemagne sont définies par la Loi fondamentale (L.F.), ou Grundgesetz, du 23 mai 1949. Pensé à l’origine comme une Constitution provisoire pour l’Allemagne de l’Ouest, le Grundgesetz s’applique à toute l’Allemagne depuis le 3 octobre 1990....