ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) Le processus de réunification
Pour la seconde fois en cent vingt ans, l'Allemagne retrouve son unité, en 1990. C'est la Prusse qui a unifié le pays après les guerres contre le Danemark, l'Autriche et la France. L'unité n'a été proclamée ni à Berlin ni même sur le territoire allemand, mais dans la galerie des Glaces du château de Versailles, le 18 janvier 1871, pendant que les troupes prussiennes poursuivaient le siège de Paris. Le peintre Anton von Werner a immortalisé la scène dans un de ses tableaux. On y voit le roi de Prusse Guillaume Ier, le nouvel empereur, et Otto von Bismarck qui, à sa charge de ministre-président de Prusse, va ajoutercelle de chancelier de l'Empire. Ils sont entourés de princes, de militaires, de diplomates, raides, bottés et sanglés dans leur uniforme de parade ; les sabres tirés au clair soulignent le caractère martial de la scène. Pas une femme n'est présente, et le peuple est absent.
Quel contraste avec les photos prises dans la nuit du 2 au 3 octobre 1990, sur le balcon du Reichstag à Berlin. Elles montrent les principaux responsables de la vie politique, hommes et femmes, de l'Allemagne unie, souriants et détendus, saluant la foule qui assiste à la seconde naissance de l'unité allemande. Pas un des invités ne porte l'uniforme. Ces deux scènes résument de façon saisissante les transformations qui se sont produites. En 1871, l'unité est proclamée au nom d'un État fort, autoritaire, conservateur, guerrier et désireux d'imposer son hégémonie à l'Europe. L'unité de 1990 intervient au terme d'un processus démocratique, en accord avec les partenaires, voisins et alliés d'une Allemagne bien intégrée dans les structures complexes de la coopération européenne et internationale. L'Allemagne née en 1990 est bien différente de celle de 1871 qui a traumatisé de nombreux esprits.
Unité et division
L'Allemagne unie de 1990 est beaucoup plus petite que celle de 1871, déjà amputée de 11 p. 100 de son territoire après le traité de Versailles, en 1919. L'Allemagne « dans les frontières de 1937 », à laquelle se réfèrent les quatre vainqueurs du IIIe Reich hitlérien à partir de 1945, correspond au territoire amputé de 1919, auquel s'ajoute la Sarre, rattachée au Reich après un plébiscite ; les annexions de 1938 (Autriche et Sudètes) et les conquêtes territoriales à partir de 1939 n'en font pas partie. En renonçant définitivement aux anciens territoires allemands à l'est de la ligne Oder-Neisse (remis en 1945 de son propre chef par l' U.R.S.S. à la Pologne) et à la Prusse-Orientale (capitale Königsberg, devenue Kaliningrad), partagée entre l'U.R.S.S. et la Pologne, l'Allemagne unie perd près d'un quart de son territoire par rapport à 1937.
Après 1945, les quatre Grands essaient de gérer en commun ce qui reste de l'Allemagne entre le Rhin et l'Oder-Neisse. Cette partie de l'Allemagne est divisée en quatre zones d'occupation ; l'ancienne capitale, Berlin, étant à son tour partagée en quatre secteurs soumis à un statut spécial. Les désaccords sur la politique d'occupation en Allemagne et, de façon plus générale, sur les grands problèmes internationaux se traduisent, à partir de 1947, par la guerre froide qui va diviser Berlin et l'Allemagne entre l'Est et l'Ouest. Deux États antagonistes sont fondés en 1949, la république fédérale d'Allemagne, à partir des trois zones occidentales, et la République démocratique allemande, sur le territoire de la zone soviétique. Cette division paraît définitive en 1955, lorsque chacun des deux États est complètement intégré sur les plans économique, militaire et idéologique dans le camp qui lui a donné naissance.
La réunification est rendue impossible par les exigences de chaque camp. Les Occidentaux ne veulent pas de l'Allemagne[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Henri MÉNUDIER : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Médias
Autres références
-
ALLEMAGNE - Les institutions
- Écrit par Stéphane SCHOTT
- 4 249 mots
Les institutions de la république fédérale d’Allemagne sont définies par la Loi fondamentale (L.F.), ou Grundgesetz, du 23 mai 1949. Pensé à l’origine comme une Constitution provisoire pour l’Allemagne de l’Ouest, le Grundgesetz s’applique à toute l’Allemagne depuis le 3 octobre 1990....