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ALLEMANDES (LANGUE ET LITTÉRATURES) Littératures

Il est difficile de parler de la littérature allemande sans prendre en compte le contexte historique et géographique spécifique de ce territoire. Sans frontières naturelles, le monde germanophone fut au cours des siècles le terrain de nombreuses guerres menées, pour certaines, par ses voisins sur son sol. On cherche en vain une capitale, mais on découvre une multiplicité de royaumes et principautés, sans autre lien que la tutelle du Saint Empire romain germanique. De nombreuses métropoles culturelles et économiques fleurissent et se développent de Francfort à Königsberg et Riga, en passant par Leipzig, Weimar et Breslau, Vienne et Prague. Un seul trait d’union : la langue. Comme plusieurs autres littératures européennes, la littérature germanophone est d’abord traduction, du latin dans un premier temps, ensuite de l’italien, du français et de l’espagnol. C’est encore une traduction, celle de la Bible par Luther, qui fonde la langue moderne. Mais la diversité géographique et politique du pays est le creuset de formes et d’esthétiques fort différentes.

Alors que l’histoire de la littérature française s’inscrit dans une continuité et une chronologie, et presque exclusivement dans et autour de la capitale, la littérature allemande s’écrit, elle, dans la simultanéité et la diversité, dans l’éparpillement géographique. Cette absence de centre lui confère indéniablement une belle richesse.

C’est au tournant des grandes crises qui ravagent ce territoire, à l’issue des guerres, que s’élaborent les grands courants littéraires : au cours du siècle qui suit la guerre de Trente Ans émergent les trois grands noms – Lessing, Wieland et Klopstock – qui vont façonner ce que la postérité connaît sous le nom d’Aufklärung, somme, comme le rappelle Claude David, de trois courants : la philosophie des Lumières, le règne du sentiment, la légèreté du « rococo » ; au terme des épopées révolutionnaire et napoléonienne, le classicisme à Weimar et Iéna et les romantismes à Tübingen, Heidelberg et Dresde s’épanouissent simultanément ; la création de l’Empire allemand et la « sécession » de l’Autriche font émerger des littératures nationales, allemande et autrichienne ; les avant-gardes fleurissent après la Première Guerre mondiale à Berlin et Munich, mais aussi à Vienne ; après 1945, et surtout avec la création des deux États allemands, la littérature allemande devient plus politique, sociologique, plus provinciale aussi.

Avec la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, et la réunification qui s’ensuit, la littérature sort de l’exiguïté nationale. Au tournant du xxe siècle, de nombreux écrivains et écrivaines des quatre coins de la planète s’installent en Allemagne, surtout à Berlin, et troquent leur langue maternelle contre l’allemand, qui devient leur langue d’écriture. Leurs textes riches de leurs cultures et de leurs langues d’origine confèrent désormais à la littérature allemande une aura de Weltliteratur, si chère à J. W. Goethe, la figure tutélaire des lettres allemandes.

Le Moyen Âge et le XVIe siècle

La naissance d'une littérature allemande coïncide avec le règne de Charlemagne. Les grands centres littéraires sont les monastères où l'on transcrit les quelques rares textes témoignant de l'ancienne culture allemande (Charmes de Mersebourg, Chant de Hildebrand). Mais l'essentiel de l'activité consiste à traduire et à commenter les œuvres d'inspiration chrétienne (Livre des Évangiles de Otfrid de Wissembourg, Heliand), et les œuvres originales sont rares (Chant de Louis, Muspilli).

Le règne des empereurs saxons et des premiers Saliens marque un net recul de la littérature en langue vulgaire : le latin prédomine. Hrotswit von Gandersheim, première poétesse allemande, fait œuvre d'historienne et de dramaturge, mais ses pièces de théâtre sont destinées[...]

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Écrit par

  • : directrice de l'association Les Amis du roi des Aulnes, traductrice
  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
  • : professeur de langues et littératures allemandes et germaniques à l'université de Caen
  • : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, docteur ès lettres, professeur à l'université de Paris-Sorbonne
  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé d'allemand, maître de conférences de littérature allemande à l'université de Paris-Sorbonne

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Johann Wolfgang von Goethe - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Johann Wolfgang von Goethe

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Brünnhilde

<em>Faust cherchant à séduire Marguerite</em>, E. Delacroix - crédits : Heritage Arts/ Heritage Images/ Getty Images

Faust cherchant à séduire Marguerite, E. Delacroix

Autres références

  • NÉO-CLASSICISME (littérature)

    • Écrit par
    • 1 007 mots

    Il semble aller de soi que le néo-classicisme se définit par rapport au classicisme. Or, au moins en littérature, ce dernier est une notion étroite, d'ailleurs problématique : elle ne vaudrait que pour la France, et durant une courte période (les années 1660-1680). Faut-il en déduire qu'il n'y aurait...