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ALLEMANDES (LANGUE ET LITTÉRATURES) Littératures

L'âge baroque et ses prolongements (1600-1750)

L'humanisme, trop tôt arrêté dans sa course par le débat religieux, n'a pas eu le temps de donner à l'Allemagne une grande littérature en langue nationale qui puisse rivaliser avec celle des Anciens. Combler ce retard, telle est l'ambition qui marque, au siècle suivant, la naissance de la littérature baroque dans l'un de ses aspects essentiels. En même temps qu'il s'appuie sur une forte tradition néo-latine, dont les orientations stylistiques se sont peu à peu éloignées des canons classiques, le baroque se détermine par rapport aux modèles des pays voisins qui ont déjà nationalisé l'héritage antique et progressé sur les voies de la modernité : l'Italie, la France, l'Angleterre – l'exemple tout récent de la Hollande prenant une signification idéologique et technique particulière à cause de la parenté linguistique. Traductions, adaptations, imitations préparent une production abondante dont l'originalité s'affirmera rapidement.

Le programme d'une renaissance nationale

La théorie joue un rôle décisif. Grammairiens et philologues s'emploient à mettre en lumière les vertus de la langue nationale. Parmi les plus influents, il faut citer Schottel, que Leibniz n'aura garde d'oublier lorsque, à la fin du siècle, il plaidera à son tour la cause de l'allemand pour en développer l'usage dans le domaine intellectuel et scientifique. Quant aux innombrables traités de poétique, ils attestent l'emprise de la rhétorique et l'importance d'un système des genres strictement hiérarchisé.

Encore faut-il tenir compte, pour apprécier la place de cette littérature à bien des égards savante, de la persistance d'une vigoureuse tradition « populaire », comique et satirique, qui traverse tout le xviie siècle. Il ne faut pas oublier non plus que dans les pays de la Contre-Réforme la production littéraire, tout entière au service de l'Église, privilégie le latin. Certes, on trouve des exceptions remarquables : Spee, Angelus Silesius parmi les poètes, Abraham a Santa Clara comme prédicateur populaire ; il n'empêche que le baroque dans son ambition patriotique est un phénomène spécifique de l'espace protestant.

Les « sociétés de langue » (la Fructifère fondée dès 1617 à Cöthen, la Société patriotique créée à Hambourg par Zesen en 1642, l'ordre nurembergeois des Bergers de la Pegnitz institué en 1644 par Harsdörffer, Klaj et Birken) apportent leur concours à cette entreprise à maints égards systématique, à ce projet qui vise, malgré les misères de la guerre, à faire de la nouvelle littérature l'instrument de culture d'une société policée qui se cherche parmi l'aristocratie, le patriciat, la bourgeoisie formée dans les universités. Soutenu par certaines cours – Cöthen, puis Weimar, et surtout Wolfenbüttel –, le mouvement s'enracine dans les grandes cités : Königsberg (Dach et ses amis), Hambourg, Leipzig, Nuremberg, Breslau, capitale d'une province féconde entre toutes pour la littérature, la Silésie.

Opitz qui, le premier, esquisse (1617), puis définit (Livre de la poésie allemande, 1624) le programme et les moyens de la renaissance nationale, propose, tant par ses traductions que par ses œuvres originales, des modèles dans les principaux genres et ouvre la voie à la grande génération baroque, qui est née en majorité avant 1625 et dont la production s'épanouit entre 1640 et 1670.

Une inspiration religieuse et morale

Le lyrisme, qui est avant tout la mise en forme de grands thèmes « banals » et qui englobe aussi bien la poésie de circonstance que le cantique, se partage entre les inspirations profane et religieuse, qui trouvent en quelque sorte leur dénominateur commun dans la méditation sur la fragilité de l'homme et du monde, thème[...]

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Écrit par

  • : directrice de l'association Les Amis du roi des Aulnes, traductrice
  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
  • : professeur de langues et littératures allemandes et germaniques à l'université de Caen
  • : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, docteur ès lettres, professeur à l'université de Paris-Sorbonne
  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé d'allemand, maître de conférences de littérature allemande à l'université de Paris-Sorbonne

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<em>Faust cherchant à séduire Marguerite</em>, E. Delacroix - crédits : Heritage Arts/ Heritage Images/ Getty Images

Faust cherchant à séduire Marguerite, E. Delacroix

Autres références

  • NÉO-CLASSICISME (littérature)

    • Écrit par
    • 1 007 mots

    Il semble aller de soi que le néo-classicisme se définit par rapport au classicisme. Or, au moins en littérature, ce dernier est une notion étroite, d'ailleurs problématique : elle ne vaudrait que pour la France, et durant une courte période (les années 1660-1680). Faut-il en déduire qu'il n'y aurait...