- 1. Définition et cadre de l'allergie
- 2. Les allergènes
- 3. L'induction de la réaction allergique
- 4. Classification des réactions allergiques
- 5. Syndromes allergiques expérimentaux
- 6. Mécanismes cellulaires et moléculaires des réactions allergiques
- 7. Les syndromes allergiques cliniques
- 8. Bibliographie
ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ
La notion d'allergie a trait au phénomène paradoxal de la nocivité de certaines réactions immunitaires. La paternité de ce concept (apparu en 1906) revient au médecin viennois Clemens von Pirquet. Il cherchait notamment à expliquer par cette « réactivité altérée » (traduction des termes grecs réunis dans le mot allergie) les aléas d'une immuno-thérapie, alors à ses débuts.
À Paris, Émile Roux, disciple de Louis Pasteur, avait réussi, en 1894, à vacciner des chevaux contre le bacille diphtérique, afin de pouvoir extraire de leur sang un sérum antidiphtérique renfermant des substances défensives agissant contre ce microbe chez les sujets qu'il infectait.
Cependant, la fiabilité de cette sérothérapie devait être préalablement évaluée afin d'assurer la réussite du traitement. C'est à Paul Ehrlich qui, à l'Institut d'évaluation des sérums, à Francfort, établit quelques années plus tard les principes permettant de doser l'efficacité de la réaction de défense assurée par des « anticorps » du sérum – spécifiquement protecteur – vis-à-vis des « antigènes » microbiens.
Il devenait donc possible d'éviter les aléas de la sérothérapie. Néanmoins, on constata que tout n'était pas réglé : des accidents (maladie du sérum) restaient imprévisibles. La réactivité des personnes traitées restait donc un élément capital du succès thérapeutique. Or Charles Richet et Paul Portier avaient déjà montré, dès le début du xxe siècle, que la non-réactivité pouvait avoir des effets mortels (phénomène d'anaphylaxie ou « réactivité insuffisante »).
Il était donc indispensable que les recherches en allergologie, c'est-à-dire sur les altérations de la réactivité, fussent associées au développement des vaccins et des sérums qui devait marquer la première moitié du xxe siècle. Elles ont investi notamment toute une panoplie de réactions d'hypersensibilité affectant certains sujets mis en contact de facteurs environnementaux normalement inoffensifs pour la plupart des gens. Pour des raisons assez mystérieuses (on invoque entre autres l'artificialisation progressive de l'environnement), on a assisté au cours du xxe siècle à une progression considérable du nombre de personnes allergiques dans la population des pays développés, mais aussi dans le monde entier. Le phénomène allergique a ainsi cessé d'être limité à l'échelle individuelle (pour ainsi dire comportementale) pour atteindre la dimension d'une question majeure de santé publique malgré la récente mise en pratique du principe de précaution en matière de sécurité des aliments (étiquetage) et malgré l'entrée en jeu d'un important arsenal thérapeutique (antihistaminique, anti-inflammatoires).
Définition et cadre de l'allergie
Il serait malaisé de définir le concept d'allergie de manière concise sans aboutir à des propositions tronquées ou distorses. Le mot allergie couvre une série d'entités biologiques et pathologiques ayant des aspects différents, mais reliées par le même mécanisme fondamental, de nature immunologique.
L' allergie apparaît comme un état biologique particulier qui se traduit par une réponse altérée de l'organisme vis-à-vis de substances normalement tolérées. C'est pour exprimer ce concept de réactivité altérée que Clement von Pirquet a proposé, en 1906, le terme « allergie ».
Il existe en effet un certain nombre de faits expérimentaux et cliniques qui, bien qu'ils appartiennent au domaine de l'immunologie, ne s'accordent pas aisément avec son cadre. Ces faits concernent essentiellement les phénomènes d'hypersensibilité survenant au cours de l'immunisation.
En voici quelques exemples :
Un cobaye sain supporte sans inconvénient l'injection de 2 ml de vieille tuberculine de Koch, alors[...]
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Écrit par
- Bernard HALPERN : membre de l'Institut, professeur au Collège de France, directeur de l'Institut d'immunologie
- Georges HALPERN
: docteur en médecine,
adjunct professor of medicine ,division of rheumatology-allergy , University of California, Davis. - Salah MECHERI : docteur vétérinaire, chef de laboratoire
- Jean-Pierre REVILLARD : professeur d'immunologie à l'université de Lyon-I-Claude-Bernard
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