Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ

Mécanismes cellulaires et moléculaires des réactions allergiques

D'importants progrès ont été réalisés au cours des dernières années dans la connaissance des cellules et des médiateurs ou « molécules messages » qui interviennent dans l'allergie. L'identification des médiateurs, l'analyse de leur structure chimique et l'étude de leurs voies métaboliques, c'est-à-dire de leurs étapes de synthèse et de dégradation dans l'organisme, sont indispensables au développement de nouvelles classes de médicaments anti-allergiques. Parmi les médiateurs de l'anaphylaxie, le plus anciennement connu est l'histamine découverte par Dale en 1910. De nombreux analogues structuraux ont été obtenus par synthèse chimique. Certains, appelés pour cette raison antihistaminiques, ont la propriété de se fixer sur les récepteurs cellulaires H1 ou H2 de l'histamine, empêchant ainsi la fixation de l'histamine elle-même et le déclenchement des effets pharmacologiques de cette substance. Si nous ne disposons pas encore des médicaments permettant d'éviter ou de traiter toutes les allergies, c'est que chaque réaction met en jeu de nombreux médiateurs agissant chacun sur différentes cellules.

Les mécanismes de l'anaphylaxie

Les anticorps responsables de l'anaphylaxie chez l'homme sont essentiellement des immunoglobulines de la classe IgE découverte par K. et T. Ishizaka aux États-Unis et Johansson en Suède. La plupart des IgE sont fixées par leur fragment Fc sur des récepteurs de haute affinité situés à la surface des mastocytes, des polynucléaires basophiles, des monocytes, des cellules dendritiques et des cellules de Langerhans ou de faible affinité sur les macrophages et certains lymphocytes. Les taux d'IgE totales dans le sérum sont de l'ordre de quelques dizaines de nanogrammes par litre (moins de 120 unités internationales, en moyenne, chez l'adulte sain) ; ils sont augmentés chez les sujets atopiques et chez les malades atteints de parasitoses (helminthiases) ou de certaines maladies auto-immunes. En présence d'un allergène, il est possible de doser les anticorps de classe IgE spécifiques de cet allergène par diverses méthodes, dont une méthode radio-immunologique, le radio-allergo-sorbent-test ou RAST, ou des méthodes immuno-enzymatiques (FAST). Le niveau de production d'IgE d'un individu est déterminé génétiquement, tout au moins en grande partie. Il est contrôlé par des cellules T : chez l'animal, la thymectomie néonatale supprime la réponse IgE, tandis que la thymectomie chez l'adulte, l'irradiation à faibles doses ou certains immunosuppresseurs l'augmentent. Les cellules T agiraient par l'intermédiaire de médiateurs se liant à la partie Fc de l'IgE, appelés « IgE Binding Factors », qui peuvent amplifier ou freiner la production d'anticorps IgE, sans modifier celle des autres classes d'anticorps. La présentation de l'allergène sous forme d'un mélange avec un adjuvant incomplet comme l'hydroxyde d'alumine (alun) favorise la production d'anticorps IgE, alors que l'adjuvant complet de Freund la diminue. Enfin, des anticorps IgG spécifiques de l'allergène peuvent entrer en compétition avec les IgE et empêcher l'interaction de ces derniers avec l'allergène. Des manipulations de la réponse anticorps telles que les « désensibilisations » par injections répétées de petites doses d'antigène visent à stimuler la production d'anticorps IgG au détriment de celle des IgE.

La dégranulation des cellules effectrices, mastocytes et polynucléaires basophiles est déclenchée de façon très efficace par la formation de complexes multivalents, en léger excès d'antigènes, avec les anticorps IgE. En présence de calcium, ces complexes activent une cascade d'événements[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur au Collège de France, directeur de l'Institut d'immunologie
  • : docteur en médecine, adjunct professor of medicine, division of rheumatology-allergy, University of California, Davis.
  • : docteur vétérinaire, chef de laboratoire
  • : professeur d'immunologie à l'université de Lyon-I-Claude-Bernard

Classification

Médias

Hypersensibilité allergique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Hypersensibilité allergique

Charles Richet - crédits : US National Library of Medicine

Charles Richet

Autres références

  • ACARIENS

    • Écrit par et
    • 6 631 mots
    • 2 médias
    ...le plus souvent du genre Dermatophagoïdes – qui vivent dans la poussière, la literie, etc., et se nourrissent de débris tégumentaires humains. Ils sont responsables d'une pluralité de phénomènes allergiques de gravité variable, qui sont liés à leurs déjections ou à des composants de leur cuticule....
  • ALIMENTATION (Aliments) - Risques alimentaires

    • Écrit par
    • 4 757 mots
    • 1 média
    D'autrepart, les observations s'accumulent d'accidents allergiques liés à la présence d'antibiotiques dans les aliments d'origine animale. La question n'est pas résolue par le fait de ne pas déceler, à l'analyse, de résidus actifs, car les résidus métaboliques, dénués de pouvoir antibiotique, peuvent...
  • ANESTHÉSIE

    • Écrit par et
    • 4 117 mots
    • 2 médias
    ...par l'étude de critères anatomiques lors de la consultation préanesthésique. Cette consultation permet de choisir les techniques d'intubation adaptées. Le risque allergique, en partie imprévisible, est cependant augmenté quand le patient présente certains antécédents : la consultation préanesthésique permet...
  • ASTHME

    • Écrit par et
    • 5 857 mots
    • 2 médias
    ...à l'asthme, connue depuis l'Antiquité, puisqu'il existe des familles d'asthmatiques, fournissant à cette maladie un «  terrain » favorable ou atopie. L'atopie est en effet l'aptitude d'un organisme à réagir aux allergènes contenus dans l'air de l'environnement par une production spontanée d'immunoglobulines...
  • Afficher les 31 références