SÁNCHEZ COELLO ALONSO (1531/32-1588)
Né dans la province de Valence, ce peintre espagnol passa sa jeunesse à Lisbonne auprès d'un grand-père qui avait servi dans les armées de Jean III de Portugal. Une pension royale lui aurait permis de se rendre dans les Pays-Bas, où il fit son apprentissage chez le Hollandais Anthonis Mor (l'Antonio Moro des Espagnols, 1517-1576), mais où il se prit aussi d'un goût très vif pour les peintures de Titien.
De retour en Espagne, Sánchez Coello succéda à Antonio Moro comme peintre de Philippe II. À l'Alcázar de Madrid, puis à l'Escorial, les collections royales, qui comptaient un grand nombre de tableaux de Titien, lui permirent de pénétrer davantage encore dans l'intimité du grand Vénitien.
Néanmoins, la peinture de Sánchez Coello n'est ni flamande ni vénitienne, mais bien espagnole, surtout dans le genre du portrait de cour, auquel l'artiste sut imprimer une impulsion originale et réellement décisive. Il excelle à rendre l'allure hautaine et triste de personnages prisonniers de la plus rigoureuse des étiquettes. Leur maintien aristocratique les fige dans des compositions pyramidales. Le peintre les isole de tout décor pompeux ou simplement flatteur, comme pour accentuer leur solitude profonde. Leur gloire, ces infantes et ces reines la portent sur leur costume, et Sánchez Coello détaille avec un soin méticuleux la splendeur du satin, l'éclat des perles et des bijoux. Ces portraits officiels ne sont pas pour autant de simples ombres ou des allégories. La sensibilité artistique leur confère une poésie qui supplée à l'absence de personnalité propre.
Les portraits de Sánchez Coello sont nombreux à Madrid, tant au Prado qu'au musée des Descalzas Reales, mais on en trouve aussi dans divers autres musées d'Europe et d'Amérique.
La grande école de portraitistes de la cour d'Espagne, continuée par le successeur de Sánchez Coello, Juan Pantoja de la Cruz (1553-1608), allait atteindre son apogée au siècle suivant avec Velázquez, Juan Carreño de Miranda et Claudio Coello.
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Écrit par
- Marcel DURLIAT : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail
Classification
Média
Autres références
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CASTILLE
- Écrit par Marcel DURLIAT , Encyclopædia Universalis et Philippe WOLFF
- 10 285 mots
- 13 médias
...une tradition d'excellents portraitistes, inaugurée par le Hollandais Anthonys Mor, Antonio Moro pour les Espagnols (1517 env.-1576), et continuée par Alonso Sánchez Coello (1531-1588) et Juan Pantoja de la Cruz (1553-1608). Mais surtout une occasion exceptionnelle fut offerte aux peintres avec la décoration... -
PANTOJA DE LA CRUZ JUAN (1553 env.-1608)
- Écrit par Claudie RESSORT
- 227 mots
Peintre castillan, disciple et successeur de Sánchez Coello comme portraitiste de la cour, Juan Pantoja de la Cruz continue si fidèlement la manière de son maître que l'attribution de ses œuvres de jeunesse prête souvent à discussion. Sa galerie de portraits royaux qui s'étend de la fin du règne...