ALPES
Végétation des Alpes
La flore de la chaîne alpine est d’une grande richesse ; pour les seules Alpes françaises, on peut l’évaluer à environ 3 500 espèces, c’est-à-dire plus de 80 p. 100 de la flore française. La variété des essences forestières est remarquable : ainsi toutes les grandes espèces de conifères de l’Europe sont présentes dans la chaîne ou sur ses limites.
Cette richesse s’explique à la fois par des causes actuelles (position des Alpes en un carrefour entre les régions médio-européenne, méditerranéenne, atlantique et pannonique) et par des causes anciennes (migrations dues à l’alternance des glaciations et des réchauffements) : le peuplement botanique de la chaîne s’est donc fait d’une manière complexe et souvent difficile à reconstituer.
La flore alpine, et plus généralement la flore de haute montagne, présente des adaptations biologiques particulières : modification de la forme et du mode de croissance des plantes, tendance à un port ramassé ou en coussinet, importance de la multiplication végétative du fait que les graines mûrissent souvent mal. Certaines familles ont fourni un apport particulièrement important : Renonculacées, Saxifragacées, Gentianacées, Primulacées, Salicacées (avec notamment les curieux saules nains).
La connaissance de la flore, c’est-à-dire de l’ensemble des espèces qui croissent dans une région, doit être complétée par celle de la végétation, c’est-à-dire de la manière dont ces espèces s’associent par affinités biologiques en constituant des ensembles appelés groupements végétaux. Dans les montagnes, où les forêts sont en général mieux conservées qu’ailleurs, les groupements les plus facilement reconnaissables et qui fournissent d’excellents repères biogéographiques sont les associations forestières. Les différents types de forêts matérialisent souvent, sur le terrain, l’existence d’étages de végétation dont la reconnaissance est la première étape de l’étude biogéographique.
La flore
On peut distinguer les ensembles ou « cortèges floristiques » suivants :
– un fond d’espèces appartenant à la flore générale de l’Europe, et notamment des espèces de plaines infiltrées dans les vallées ou les massifs périphériques ;
– un fond d’espèces orophytes, appartenant à l’ensemble des massifs montagneux européens ou eurasiatiques ;
– un groupe d’espèces d’origine boréale, dites souvent arctico-alpines parce que leur aire comprend d’une part les régions subarctiques et d’autre part les hautes chaînes tempérées. Ce sont des plantes dont l’aire s’étendait d’une manière continue, à la faveur des périodes glaciaires, jusqu’aux approches de la Méditerranée et qui, au cours de leur recul pendant le réchauffement ultérieur de l’Europe, se sont disjointes en se réfugiant d’un côté dans les régions nordiques et de l’autre dans les massifs élevés ;
– une remontée méridionale, constituée d’éléments méditerranéens ou subméditerranéens qui se sont étendus vers le nord au cours de cette période plus chaude et qui sont localisés aujourd’hui sous forme de colonies dans des stations favorables (pentes abritées en expositions sud) jusqu’en Savoie ; certaines paraissent actuellement en voie de progression ;
– des pénétrations atlantiques, qui sont toutefois peu importantes, la plupart des espèces atlantiques ne dépassant guère le Rhône vers l’est et quelque-unes seulement atteignant le bas Dauphiné ;
– des pénétrations orientales, notables surtout dans le Briançonnais et les Alpes maritimes : Ostrya, astragales. À ce contingent, il faut rattacher le mélèze et le pin cembro, probablement immigrés à partir des chaînes asiatiques et qui, en Europe, sont limités aux Alpes et aux Carpates ;
– enfin, des espèces spéciales à la chaîne, dites endémiques, dont certaines sont localisées[...]
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Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
- Bernard DEBARBIEUX : professeur à l'université de Genève (Suisse)
- Paul OZENDA : professeur à la faculté des sciences de Grenoble, membre de l'Académie des sciences
- Thomas SCHEURER : docteur ès sciences, géographe
Classification
Médias
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