ALPHABÉTISATION
L'état actuel de l'alphabétisation
Problèmes de mesure
Les statistiques sur les niveaux d'éducation et l'alphabétisation proviennent le plus souvent des recensements, parfois d'enquêtes par sondage ou encore d'investigations auprès de groupes particuliers de la population comme les appelés au service militaire. S'agissant des recensements, certains procèdent à un simple recueil des déclarations des niveaux d'instruction, ce qui ne permet pas de prendre en compte l'apport spécifique de l'alphabétisation pour adultes, ni les phénomènes de déperdition des compétences. D'autres données résultent d'une question posée comme suit : « Savez-vous lire et écrire ? » On peut mettre en doute la fiabilité de telles déclarations fondées sur l'autoévaluation. Le risque d'une sur-déclaration, pour éviter la stigmatisation liée au statut d'analphabète, est important. Le phénomène inverse existe également, qui amène des individus à ne pas déclarer des compétences parce qu'ils ne les estiment pas suffisamment développées ou qu'elles ne s'exercent pas dans une langue reconnue. Les enquêtes menées auprès des ménages permettent de procéder différemment, par exemple en incluant un test, même succinct.
Selon les pays, les procédures d'enquête et les définitions retenues varient de manière importante : en général, des aptitudes en lecture et en écriture sont requises mais pas toujours, quelques pays considérant l'aptitude à lire comme suffisante ; la plupart des pays considèrent comme alphabétisées les personnes ayant des compétences en lecture et écriture quelle que soit la langue mais certains pays spécifient la langue d'alphabétisation ; la longueur de l'écrit considéré va d'une phrase à un texte (article de journal par exemple), alors qu'en Chine il s'agit d'un nombre minimal de caractères à maîtriser ; les compétences en calcul peuvent être incluses ou non... Pour limiter ces variations, l'U.N.E.S.C.O. met actuellement en place dans les pays en développement un programme d'harmonisation des statistiques qui remplacerait l'autoévaluation par des tests, sur le modèle de ce qui a été fait dans les pays développés sous l'égide de l'O.C.D.E. (Organisation de coopération et de développement économiques). À ce stade, les statistiques officielles sur l'alphabétisation sont à prendre avec prudence, même si ce sont les seules disponibles pour des comparaisons internationales.
Situation actuelle et disparités significatives
D'après les données publiées par l'U.N.E.S.C.O. dans le Rapport mondial de suivi de l'éducation pour tous de 2006, le nombre total d'analphabètes adultes est en diminution. Il est estimé pour le début des années 2000 à 771 millions, soit 18 p. 100 de la population adulte mondiale. Le taux d'alphabétisation progresse dans toutes les régions du monde depuis 1990, passant pour les moins alphabétisées de 50 à près de 60 p. 100. La surreprésentation des femmes dans la population analphabète demeure massive, à taux quasi stable (63 p. 100).
Les disparités entre zones géographiques restent importantes. Les taux d'alphabétisation les plus bas se situent en Asie du Sud et de l'Est et en Afrique subsaharienne (où le nombre total d'analphabètes progresse en valeur absolue en raison de l'accroissement démographique). Des disparités significatives existent entre des pays d'un même continent : ainsi, en 1990, le taux d'alphabétisation des adultes (quinze ans et plus) s'élevait, selon l'U.N.E.S.C.O., à 35,4 p. 100 au Pakistan et à 34,2 p. 100 au Bangladesh, alors qu'il était situé à 78,3 p. 100 en Chine et à 79,5 p. 100 en Indonésie.
À l'intérieur d'un même pays, le contraste le plus massif s'établit[...]
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Écrit par
- Béatrice FRAENKEL : directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (E.H.E.S.S.)
- Léon GANI : professeur des Universités en démographie, faculté des sciences humaines et sociales, université de Paris-V-Sorbonne
- Aïssatou MBODJ : agrégée de l'Université, A.T.E.R. à l'École des hautes études en sciences sociales
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