AULARD ALPHONSE (1849-1928)
L’historien français Alphonse Aulard fut, à la fin du xixe siècle, le premier titulaire de la chaire d’histoire de la Révolution française à la Sorbonne.
Un maître au service de la République
François-Victor-Alphonse Aulard naît le 19 juillet 1849 à Montbron (Charente) et mourra le 23 octobre 1928 à Paris. Il suit sa scolarité au collège Sainte-Barbe puis au lycée Louis-le-Grand, avant d’intégrer l’École normale supérieure. En 1870, il s’enrôle dans la guerre contre la Prusse puis, l’année suivante, obtient l’agrégation d’histoire. Après avoir enseigné à Nice et à Nîmes, il soutient en 1877 une thèse de doctorat, intitulée Essai sur les idées philosophiques et l’inspiration poétique de Giacomo Leopardi, poète italien. Il exerce ensuite dans les facultés d’Aix, Montpellier, Dijon et Poitiers, mais aussi au lycée Janson-de-Sailly et entre à la Sorbonne en 1885.
Alphonse Aulard s’impose alors comme un des principaux acteurs de l’histoire universitaire et républicaine française. En 1885, la municipalité de Paris lui confie un cours d’histoire de la Révolution française, afin de préparer le centenaire de 1789. La commémoration est organisée dans le cadre de l’exposition universelle, censée présenter la France républicaine comme la « mère du progrès universel ». Dans sa leçon inaugurale, Aulard expose son projet : comprendre la Révolution, écrire son histoire, c’est adhérer et faire adhérer à la République. En 1891, le cours devient chaire, inaugurée en présence de Georges Clemenceau. Aulard occupera le poste jusqu’en 1922, s’imposant comme le maître de l’enseignement républicain de la Révolution française. Pénétré de l’esprit de mission scientifique et civique qui caractérise nombre de savants de son époque, Aulard regarde l’école comme le champ de bataille sur lequel se joue l’avenir du régime. En 1899, après avoir fait passer les oraux du baccalauréat, il avoue son angoisse face à la puissance de l’enseignement catholique : « Je n’ai pas encore rencontré un seul candidat congréganiste qui sût bien ce que c’est que la Déclaration des Droits ; pas un qui connût les grandes fondations de la Convention ; pas un qui fût en état d’exposer aucun des bienfaits de la Révolution française. Des batailles, des échafauds, des prêtres persécutés, des démagogues déchaînés, voilà ce qu’on leur montre (…) ». Avec les historiens Charles Seignobos, Ernest Lavisse ou Émile Bourgeois, Alphonse Aulard est convaincu qu’il faut inculquer aux masses un récit républicain du passé national. En 1902, il rédige un manuel d’instruction civique destiné aux élèves du primaire. Soucieux de diffuser ses connaissances en dehors de l’université, il collabore plus ou moins régulièrement à plus d’une dizaine de journaux (dont La Justice, Le Matin, Le Populaire et Le Progrès civique), publie ses cours et donne de nombreuses conférences. Surtout, il se lance dans une intense activité éditoriale, mettant à la disposition du public des dizaines de tomes d’archives portant sur la période révolutionnaire.
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Écrit par
- Guillaume MAZEAU : maître de conférences en histoire moderne à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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