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AULARD ALPHONSE (1849-1928)

Le savant méthodique

Dans le domaine de la recherche, Aulard fait partie de ceux qui, autour de la Revue historique, veulent élever l’histoire au rang de science, résultant d’une véritable méthode. Comme ses collègues Gabriel Monod, Charles-Victor Langlois ou Charles Seignobos, Aulard pense que l’histoire doit se distinguer de l’histoire romantique, incarnée par Hippolyte Taine (Taine historien de la Révolution française, 1907), mais aussi des récits trop partisans, représentés par les historiographies contre-révolutionnaire ou socialiste. Convaincu que la publication et la diffusion des archives peuvent aider à combattre les mensonges et instrumentalisations de l’histoire, il édite de nombreux recueils de sources, comme le Recueil des actes du Comité de salut public (1889-1933), mais aussi La Société des Jacobins, recueil de documents pour l’histoire du Club des Jacobins de Paris (1889-1897) et Paris sous le Consulat, recueil de documents pour l'histoire de l'esprit public à Paris (1903-1913).

Cumulant les fonctions et les titres, membre et directeur de plusieurs commissions de publications d’archives, Aulard publie des recueils comme Paris pendant la réaction thermidorienne et sous le Directoire (1902), Paris sous le Consulat (1903-1909) et Paris sous le premier Empire (1912-1913). À partir de 1915, il devient président de la Section d’histoire moderne et des sciences sociales du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS). Chargé depuis 1834 de « diriger les recherches et les publications de documents inédits à l’aide de fonds votés au budget de l’État », le CTHS doit aussi favoriser l’essor des sociétés savantes, en dehors de l’université : jouant pour le centenaire de 1889 le rôle que les historiens de la Révolution française Georges Lefebvre puis Michel Vovelle reprendront en 1939 et 1989, Aulard contribue ainsi à coordonner les commémorations de la Révolution. Membre des Sociétés d’histoire moderne, de l’histoire de la guerre, d’histoire de la révolution de 1848, de la Section de philologie et de la Commission des voyages et missions scientifiques et littéraires, directeur de la Société d’histoire de la Révolution française et de la revue La Révolution française (fondée en 1881), Alphonse Aulard s’impose donc comme un homme de pouvoir et conquiert les principales institutions de sa discipline, incarnant l’histoire révolutionnaire.

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire moderne à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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