ALTAMIRA
La grotte d'Altamira, près de Santillana del Mar (Cantabrie), est la plus célèbre de toutes les grottes ornées d'Espagne : peu de grottes découvertes ultérieurement peuvent rivaliser avec ses peintures pariétales, chef-d'œuvre de l'art paléolithique.
Cette caverne, d'une profondeur de deux cent soixante-dix mètres environ, comporte diverses galeries et diverticules sur les parois desquels ont été gravés ou peints quelques animaux isolés (bovidés et cervidés essentiellement) : six têtes de biches associées, d'un excellent tracé, ornent la galerie la plus profonde. Dans un petit diverticule, un taureau au trait noir utilise remarquablement le relief naturel de la roche. Les figurations du plafond de la salle centrale sont particulièrement admirables : sur une surface de cent soixante-deux mètres carrés est peint l'un des plus extraordinaires ensembles de figurations d'animaux. Les bisons prédominent, représentés dans toutes sortes d'attitudes, au repos, chargeant, etc. Quelques chevaux et un sanglier (sujet extrêmement rare dans l'art magdalénien) leur sont associés.
Ces peintures, cernées au trait noir, se caractérisent par leur vigoureux naturalisme, la fougue du tracé et l'excellence du modelé utilisant toutes les ressources de la gamme des ocres, du jaune clair au brun rouge. Ces œuvres, dont on ignore la position chronologique exacte, ont été, d'après leur style, datées en partie du Magdalénien ancien et en partie du Magdalénien moyen. Une datation par la méthode du carbone 14 d'un niveau du Magdalénien ancien du remplissage de la grotte a donné ~ 13500, mais il reste difficile de savoir si la datation de ce dépôt correspond réellement à celle des plus anciennes peintures exécutées sur les parois. La découverte des peintures du plafond d'Altamira marque une date dans l'histoire de l'art et de l'archéologie : celle de la découverte même de l'existence de l'art rupestre préhistorique. Auparavant, on ne connaissait que l'art mobilier.
Ce fut en 1879 seulement, et après avoir fouillé à diverses reprises la grotte connue depuis 1868, que le marquis de Sautuola, pionnier espagnol de la préhistoire, aperçut pour la première fois, sur les indications de sa petite-fille qui l'avait accompagné, le décor du grand plafond. Cette découverte capitale donna lieu à une longue controverse : pendant vingt années, personne (hormis le géologue espagnol Vilanova y Piera, puis les Français Édouard Piette, Émile Rivière, Denis Peyrony et Henri Breuil) ne voulut admettre l'authenticité des peintures pariétales d'Altamira. Accusé d'abord de naïveté puis d'imposture, le marquis de Sautuola mourut de chagrin en 1888.
L’affluence des visiteurs présentant un risque pour la conservation des peintures rupestres, la grotte d’Altamira fut fermée en 1977 afin de contrôler son microclimat. À la suite d’une étude scientifique, on décida en 1982 de la réouvrir à un nombre limité de visiteurs par an. La grotte d’Altamira fut classée au patrimoine mondial de l’humanité de l’U.N.E.S.C.O. en 1985. Les changements d’éclairage et de température favorisant la contamination de la roche par des micro-organismes, la grotte fut de nouveau fermée au public en 2002. Les visiteurs purent alors découvrir une réplique, inaugurée en 2001, à proximité du site original.
La grotte d’Altamira fut réouverte progressivement et à un public très restreint en 2014.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marie-Thérèse BOINAIS : diplômée de l'École du Louvre, diplômée d'études supérieures, École pratique des hautes études
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
MAGDALÉNIEN ART
- Écrit par Denis VIALOU
- 1 484 mots
- 3 médias
Chacun connaît l'art magdalénien, même sans le voir, au moins depuis la découverte de la grotte de Lascaux (Dordogne) en 1940. L'art magdalénien fut même le premier art d'un passé « préceltique » inconnu, introduit dans des musées français, dès la première moitié du ...
-
PRÉHISTORIQUE ART
- Écrit par Laurence DENÈS , Jean-Loïc LE QUELLEC , Michel ORLIAC , Madeleine PAUL-DAVID , Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS et Denis VIALOU
- 27 722 mots
- 11 médias
...préhistoriques avait été reconnu sans difficultés majeures. Lorsque, en 1879, don Marcelino de Sautuola découvrit les peintures du plafond de la grotte d' Altamira (Cantabrie) où il pratiquait des fouilles en amateur éclairé, l'homme préhistorique était encore envisagé comme un sauvage, bon ou mauvais, mais...