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ALTERMONDIALISME

L’altermondialisme désigne le mouvement de mobilisations apparu à l’orée du nouveau millénaire, qui conteste la globalisation néolibérale, en particulier financière, au nom d’une autre mondialisation, celle des citoyennes et des citoyens. Les militants vilipendent le « consensus de Washington » prônant le retrait de l'intervention de l'État en matière économique et sociale, les privatisations et la libéralisation des marchés financiers, sur lequel s’est aligné depuis les années 1980 l'ensemble des politiques nationales, régionales – Union européenne (UE), Accord de libre-échange nord-américain (ALENA ; qui sera remplacé par l’accord Canada–États-Unis–Mexique ou ACEUM)… –, internationales – G7, G8 puis G20, Fonds monétaire international (FMI), Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce (OMC), Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)… – et ce, peut-être, jusqu’à la crise sanitaire de la Covid-19. L‘altermondialisme apparaît ainsi comme une forme de convergence de luttes contre la globalisation néolibérale conduites par des organisations très variées au regard de leur champ d'intervention particulier et des maux qu’ils dénoncent. Il se manifeste particulièrement à travers des mobilisations organisées contre la tenue de rencontres de ces institutions internationales et surtout lors de forums sociaux mondiaux, régionaux ou thématiques.

Naissance du mouvement antimondialisation

Les manifestants réunis à Seattle au moment où s'ouvrait l'assemblée générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), en novembre 1999, ont lancé un cycle de mobilisation qui s’est développé sur toute la planète. Depuis lors, il n'est plus de sommet ou de conférence internationale d'importance – FMI, G8, G20, sommet européen, forum de Davos, etc. –, qui ne soit accompagné de manifestations et de conférences parallèles.

Il y avait bien eu quelques signes avant-coureurs : l'ampleur, en Grande-Bretagne puis dans de nombreux autres pays, de la campagne pour l'annulation de la dette des pays du tiers-monde ; le succès des actions menées aux États-Unis et en France contre l'Accord multilatéral sur l'investissement (AMI), en 1998 ; ou encore, en France, la même année, la réussite étonnante de l'Association pour une taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens (Attac), puis le soutien dont ont bénéficié José Bové et ses camarades de la Confédération paysanne. Déjà, l'impact mondial du soulèvement zapatiste, et le succès de la rencontre internationale organisée au Chiapas, durant l'été de 1996, témoignaient de ce changement de climat. Mais ce qui frappe les observateurs du monde entier, c'est la rapidité avec laquelle ces mouvements se sont développés et l'ampleur de la contestation.

Contre la mondialisation libérale

La notion de « mondialisation » telle qu'elle est ici entendue renvoie aux formes actuelles du capitalisme, en y incluant ses aspects politiques, tant sont liées les mutations du capitalisme, l'ouverture des marchés, la position hégémonique acquise par la puissance américaine et le rôle des institutions internationales – OMC, FMI ou Banque mondiale –, qui en sont les vecteurs. Les mouvements eux-mêmes parlent ainsi déjà de corporateglobalization aux États-Unis, ce que l'on pourrait traduire par « mondialisation au service des grandes entreprises », ou de « mondialisation libérale » en Europe, où la définition mettra l'accent sur la face politique du processus.

La contestation porte tout d’abord sur les questions sociales. Même dans les pays qui, comme les États-Unis, ont connu une croissance économique soutenue, les transformations du capitalisme se sont accompagnées d'un accroissement important des inégalités et,[...]

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Écrit par

  • : syndicaliste, membre de l'association Attac
  • : docteure en science politique, professeure de sociologie politique à l'université Paris-I
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Média

Forum social mondial de Caracas (2006) - crédits : Andrew Alvar / AFP

Forum social mondial de Caracas (2006)

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