ALTRUISME
Autrui
Autrui, est-ce une entrave à la raison théorique, unificatrice par essence ? Platon remarquait déjà que l'absolument autre est impensable, que donc tout le divers avait à trouver son identité sous la règle de la raison, enchaînante en partie, mais surtout libératrice vers un sens. Hegel, attentif à cet autre mode de diversité qu'est l'histoire, tente de lui trouver une intelligibilité. Aujourd'hui, c'est la cruauté même de cette histoire, à laquelle ont éveillé des mouvements philosophiques tels que l'école de Francfort, mais aussi une conscience générale face à l'événement, qu'il s'appelle génocide, totalitarisme, racisme, exploitation, bref la violence interhumaine, qui met en question la capacité de cette raison. Autrui, « un homme en trop » (Claude Lefort), vient en quelque sorte alourdir la diaphane dialectique platonicienne. Dès lors, ne convient-il pas de réexaminer ce « respect », cheville de l'édifice kantien, ce magnifique équilibre entre une raison qui se sait limitée dans sa visée d'intelligibilité totale, mais seule apte, comme raison pratique, à assurer la paix entre les hommes ?
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Écrit par
- Guy PETITDEMANGE
: professeur de philosophie au Centre Sèvres, rédacteur à la revue
Études , écrivain et traducteur
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