Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ALUMINIUM

Production de l'alumine

Divers procédés ont été utilisés, à plus ou moins grande échelle, pour extraire de la bauxite l'alumine pure nécessaire à la fabrication électrolytique de l'aluminium : procédés Deville-Pechiney, Péniakoff, Serpek, Pedersen et Haglund. Tous ont été détrônés par le procédé de Karl Joseph Bayer, appliqué dès 1893 en France à Gardanne et maintenant utilisé universellement.

Technologie du procédé Bayer

Le procédé Bayer met à profit les propriétés amphotères de l'alumine hydratée, qui entraînent des variations de solubilité de cette alumine dans les solutions de soude :

Procédé Bayer - crédits : Encyclopædia Universalis France

Procédé Bayer

À chaud, la soude très concentrée dissout l'alumine de la bauxite, laissant les diverses impuretés insolubles ; par refroidissement et dilution de la solution d'aluminate, on précipite partiellement (Al2O3, 3 H2O). Les eaux de lavage entrent dans le circuit pour diluer les solutions concentrées, les solutions appauvries en alumine sont concentrées par évaporation et utilisées pour un nouveau cycle (fig. 1).

La préparation de la bauxite commence par un concassage. Le séchage, inutile pour les bœhmites françaises, est pratiqué pour les gibbsites américaines et africaines ; il s'y ajoute une calcination entre 450 et 500 0C si les bauxites contiennent du diaspore. Le broyage, en une poudre de 0/0,3 mm, se fait généralement en milieu humide, au sein de la liqueur sodique d'attaque.

L'attaque de la bauxite par une solution de soude a lieu dans des autoclaves cylindriques en acier de plusieurs dizaines de mètres cubes, chauffés par injection de vapeur. Pour les bauxites à monohydrate, l'attaque se fait à 230 0C (pression 3,3 MPa) ; pour les bauxites à trihydrate, il suffit de 140 0C (pression 0,4 MPa).

L'alumine est transformée en aluminate soluble ; les oxydes de fer et de titane restent inattaqués ; la silice est transformée en silico-aluminate insoluble, ce qui crée une perte en alumine et en soude et explique la nécessité de n'utiliser que des bauxites pauvres en silice.

Après dilution, pour ramener la température à 100 0C, la suspension passe dans des décanteurs ; on ajoute un floculant, amidon ou fécule, facilitant la décantation du résidu insoluble qui constitue les « boues rouges ». Celles-ci sont lavées par plusieurs dilutions et décantations successives puis séparées.

La liqueur filtrée d'aluminate passe dans des décomposeurs, bacs en acier cylindroconiques de 1 200 m3 et plus, pourvus d'émulseurs à air comprimé ou d'agitateurs.

On dilue, puis on catalyse l'hydrolyse par addition d'une importante « amorce » d'alumine hydratée provenant d'une précipitation antérieure. Après 50 à 100 heures, une notable fraction de l'alumine est précipitée, sous forme de trihydrate cristallin, que l'on sépare et lave sur filtres rotatifs continus.

La liqueur filtrée est réchauffée par une batterie d'échangeurs ; des appareils à effets multiples évaporent toute l'eau qui a été rajoutée, afin de rétablir la concentration en soude nécessaire à l'attaque.

L'alumine devient anhydre entre 900 et 1 000 0C ; elle est alors sous forme γ et sous diverses formes de transition, hygroscopiques et attaquables par les acides ; vers 1 150 0C elle se transforme en alumine α (corindon) de densité 4, chimiquement inerte.

La calcination a lieu entre 1 200 et 1 300 0C dans des fours tournants. Une grande partie de l'alumine étant entraînée par les gaz de combustion, un dépoussiérage de ces gaz est effectué dans des multicyclones, puis dans des chambres de dépoussiérage électrostatique.

Le procédé Bayer appliqué aux bauxites européennes extrait en moyenne 86 p. 100 de l'alumine totale ; l'énergie totale nécessaire (vapeur, électricité, fuel et gaz) est de 11,704 à 12,54 GJ, et même moins, avec les perfectionnements[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ingénieur de l'Institut électrotechnique de Grenoble, directeur honoraire de la compagnie Pechiney
  • : ingénieur à l'École centrale de Lyon, chef de service à Cégédur Péchiney

Classification

Médias

Aluminium primaire : production mondiale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Aluminium primaire : production mondiale

Aluminium : production en 2005 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Aluminium : production en 2005

Aluminium primaire : pays producteurs - crédits : Encyclopædia Universalis France

Aluminium primaire : pays producteurs

Autres références

  • PROCÉDÉ INDUSTRIEL DE FABRICATION DE L'ALUMINIUM

    • Écrit par
    • 188 mots

    Le Français Henri Sainte-Claire Deville (1818-1881) inventa en 1854 le premier procédé industriel de fabrication de l'aluminium. Celui-ci consiste à décomposer le chlorure double NaCl-AlCl3 par le sodium en présence d'un fondant. L'alumine nécessaire à la préparation de ce chlorure était...

  • ACIER - Technologie

    • Écrit par , , et
    • 14 176 mots
    • 10 médias
    L'aluminium est avant tout un puissant désoxydant. Il se rencontre plus rarement comme élément d'alliage dans des cas particuliers où il intervient dans certains processus de durcissement.
  • AIMANTS

    • Écrit par
    • 6 273 mots
    • 13 médias
    La découverte en 1931 par Mishima d'un alliage de fer, de nickel et d'aluminium (30 p. 100 Ni, 12 p. 100 Al, 58 p. 100 Fe) présentant des propriétés d'aimant permanent intéressantes (Br = 0,95 T, Hc = 34 220 A ( m-1) ouvre la voie à une nouvelle classe de matériaux...
  • ALLIAGES

    • Écrit par
    • 7 362 mots
    • 5 médias
    ...la procédure qui permet de conserver la dureté souhaitable tout en maintenant la fragilité à un niveau acceptable. Dans le cas du duralumin, alliage d' aluminium et de cuivre, le réseau cristallin de l'aluminium est capable, à 550 0C, de s'accommoder de la présence de 2 p. 100 d'atomes de cuivre...
  • ALUNS

    • Écrit par
    • 1 633 mots

    On appelle communément alun le sulfate double de potassium et d' aluminium hydraté [K2SO4, Al2(SO4)3, 24 H2O], qui reçoit souvent les noms usuels d'alun de potasse ou alun de roche, son appellation minéralogique étant kalinite. De nombreux composés semblables sont connus et, par extension,...

  • Afficher les 32 références