ĀLVĀR
Les Āḻvār (« Plongés » en Dieu) sont des poètes tamouls du sud de l' Inde, révérés comme saints, auteurs de poèmes de dévotion à Viṣṇu, et dont le groupe fait pendant au groupe des dévots de Śiva, les Nayanmār. Les transports de la mystique animent leurs œuvres qui marquent l'essor d'un grand mouvement religieux, la bhakti.
La légende des Āḻvār
On compte douze Āḻvār : Poykaiyāḻvār, Pūtattāḻvār, Pēyāḻvār, Tirumaḻicai, Maturakavi, Nammāḻvār, Kulacēkara, Periyāḻvār, Āṇṭāḷ, Toṇṭaraṭippoṭi, Tiruppāṇ et Tirumaṅkai, selon un ordre de succession chronologique donné dans des documents relativement tardifs qui leur attribuent une antiquité très reculée et en font des incarnations de serviteurs ou d'attributs de Viṣṇu, sauf en ce qui concerne Āṇṭāḷ qui est une incarnation d'une forme de la Déesse. Les références à plusieurs d'entre eux mentionnées dans des inscriptions permettent de placer, en réalité, ce groupe entre le vie et le xe siècle, ce qui concorde avec le degré d'évolution de la langue de leurs œuvres.
Leurs biographies sont plutôt du domaine légendaire. Elles contiennent des éléments très plausibles, dont l'authenticité cependant est rarement vérifiable, mais témoignent, au moins, des vues et des sentiments de la communauté vichnouite qui les vénère. Les trois premiers sont dits nés dans des fleurs. Un autre, Tiruppāṇ, a été trouvé et élevé par un homme de basse caste. Deux (Kulacēkara et Nammāḻvār) étaient de race noble. Tirumaṅkai appartenait au groupe inférieur des Kaḷḷar, caste de voleurs, mais fidèles à ceux qui les employaient. Les autres étaient brâhmanes. La dévotion primait sur la classe sociale. Āṇṭāḷ est une femme, la seule du groupe.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean FILLIOZAT : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France
Classification
Autres références
-
ADVAITA
- Écrit par Jean FILLIOZAT
- 1 551 mots
...) et non plus par processus extérieur (vivarta). Elle expose et établit scolastiquement la conception exprimée par les saints vichnouistes tamouls ( Āḻvār), et dont Rāmānuja, tamoul lui-même, était pénétré. Nammāḻvar, en effet, avait déjà chanté l'Être suprême comme substrat nécessaire de toute existence,... -
BHAKTI
- Écrit par Anne-Marie ESNOUL
- 1 431 mots
Au sud de l'Inde, la bhakti s'exprimera d'une manière caractéristique, entre le vie et le ixe siècle, dans les hymnes des āḷvār, poètes de langue tamoule, qui célèbrent tout particulièrement l'avatāra Kṛṣṇa. Cependant, vers la même époque – et déjà antérieurement – d'autres poètes... -
TAMOULES LANGUE & LITTÉRATURE
- Écrit par François GROS
- 3 280 mots
Le Nālāyira-tivya-pirapantam est le recueil viṣṇuite correspondant ; il contient les œuvres des douze Ālvār, dont se détachent quelques personnalités : l'intolérant Tirumaḷicai, aux rythmes heurtés ; le prince Cēra Kulacēkarar ; le poète-musicien de basse caste Tiruppāṇāḷvār ; le guerrier Tirumaṅkai,... -
VIṢṆU ou VISHNU ET VICHNOUISME
- Écrit par Anne-Marie ESNOUL
- 8 909 mots
- 2 médias
En pays tamoul, un groupe de poètes mystiques, les aḷvar, qui composèrent leur hymnes entre le vie et le ixe siècle, ont chanté dans leur langue leur amour pour Viṣṇu sous sa forme de Kṛṣṇa. Le krishnaïsme se présente donc, une fois de plus, comme le climat dans lequel s'est épanouie le plus aisément...